Réalisé
par Mathieu Amalric France. comédie dramatique.
Durée : 1H51. (Sortie 30 juin 2010). Avec Mathieu Amalric, Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Roky Roulette, Kitten on the Keys et Julie Atlas Muz.
La réputation d’acteur de Mathieu Amalric est désormais bien établie : adoubé par la profession par deux césars, il a connu la consécration mondiale en jouant le "méchant" dans un récent James Bond avec Daniel Craig. Sa carrière de réalisateur est un peu plus chaotique et c’est vraiment avec Tournée, récompensé du prix de la mise en scène au Festival de Cannes, qu’elle vient de prendre son envol.
En suivant la vie quotidienne d’une troupe de "stripteaseuses" américaines, Amalric restitue avec sensibilité tous les moments de tension, d’ennui, de découragement ou d’euphorie qui doivent se succéder lors d’une tournée artistique.
Travaillant par petites touches successives, filmant les artistes en coulisse ou pendant leurs numéros, le réalisateur montre très vite que le mot striptease est réducteur pour qualifier ce spectacle de "new burlesque" où des femmes pulpeuses tirent de l’exhibition de leurs corps des moments de poésie ou d’humour dans des numéros jamais vulgaires. On est donc vite sous le charme de ses quadragénaires américaines dont la seule évocation des patronymes est tout un programme : Mimi le Meaux, Kitten on the Keys, Dirty Martini, Julie Atlas Muz, Evie Lovelle. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner le seul stripteaseur du groupe : Roky Roulette…
Pour saisir l’essence de ses sujets non conformes, Amalric est ici assez loin du cinéma austère et maniéré de son ami Arnaud Desplechin. C’est à John Cassavetes qu’on ne cesse de penser, et notamment à un film qui traitait aussi du "Burlesque" : "Meurtre d’un bookmaker chinois".
Certes, Amalric n’a pas encore l’élégance fatiguée d’un Ben Gazzara pour faire basculer son film dans un désespoir sans retour. Il faut lui reconnaître le mérite de s’orienter, en élève doué de Cassavetes et de Pialat, vers un cinéma débarrassé des barrières de la "belle" narration. Ce qui semble provisoirement gêner le metteur en scène Amalric c’est l’acteur Amalric, dont le personnage d’anti-héros est trop surchargé négativement et qui aurait gagné, par exemple, à moins piquer systématiquement de sucres dans les restos et les hôtels de passage.
Pêché véniel. Pour avoir offert au cinéma français les rondeurs de Mimi Le Meaux, la plus belle blonde fragile que l’Amérique ait engendrée depuis Marilyn Monroe, on pardonnera tout à Mathieu Amalric.
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