Il y a quelques semaines, je m'offrais une édition vinyle du Psychocandy de Jesus and Mary Chain. J'ai sans doute tenu à ce moment là l'éternel discours du gars qui regrette une époque passée. Celle du son si chaleureux du vinyle parfaitement adapté aux déferlantes sonores des frères Reid. Des trucs du passé les enfants, vous ne pouvez pas comprendre.
Sauf qu'à bien y regarder, le vinyle recommence à creuser son sillon dans une crise du disque où l'objet retrouve l'importance qu'il mérite, tout comme la qualité du son partie en vrille dans quelques piètres lecteurs de poche. Autre bonne nouvelle, depuis quelques temps la musique noisy, trop vite enterrée il y a une bonne quinzaine d'années reprend elle aussi du poil de la bête.
Et si les frères ennemis écossais ne sont plus là pour raviver la flamme, c'est d'une autre fratrie, plus septentrionale encore que vient la sensation du moment. C'est en effet de Finlande que viennent Paul et Mick Joensuu, au patronyme suffisamment étrange pour devenir le nom du groupe, accompagnés dans leur aventure musicale par Igor Sacaisse.
Pas de surprise sur ce premier album éponyme, jusque dans la production aux sons lourds et parfois oppressants, presque trip hop comme l'introduction de "Nothingness" qui fait penser un instant à Massive Attack, tandis que le reste lorgne du côté des Black Rebel Motorcycle Club ou des premiers Raveonettes. Si on ne peut échapper aux comparaisons, voire crier au plagiat ("Sick city" ou "Baby baby baby" semblent tout droit sortis d'une compilation d'inédits des Jesus and Mary Chain), les 9 titres tiennent la route et supportent sans peine la comparaison.
Le côté parfois chamanique et psychédélique (on pense ici au rock épique de Brian Jonestown Massacre ou des Dandy Warhols comme sur le très long "Nothingness" aux multiples facettes) apporte un plus et sans renouveler le genre, permet de trouver un intérêt nouveau au genre en proposant notamment des titres plus calmes, en spoken word aux allures assez étranges comme sur "Electric Ocean Sailor", quasiment a capella et en contrepoint du titre qui lui succède, le très énergique, tubesque et noisy à souhait "Sick City" dont on se repaitra sans modération.
Ai-je besoin de préciser que ce disque est à écouter très fort ? |