Réalisé par Natalia Smirnoff. Argentine. Comédie dramatique. Durée : 1h28. (Sortie le 23 juin 2010). Avec Maria Onetto, Gabriel Goity, Arturo Goetz, Henry Trailes, Felipe Villanueva et Julian Doregger.

Que peut-il arriver de mieux à une ménagère ayant tout récemment quitté les rangs des moins de cinquante ans ? Quel avenir pour elle quand ses enfants sont grands et que son mari trouve son plaisir dans les préceptes du tai-chi ? La réalisatrice argentine Natalia Smirnoff donne une réponse simple et évidente : devenir une championne de puzzles.

En espagnol, ce que les Français appelaient jadis un "jeu de patience", se nomme "rompecabezas", c'est-à-dire "casse-tête".

Et c'est tout le contraire qui va se passer pour Maria Onetto quand ayant reçu, pour ses cinquante ans, une boîte de puzzle représentant Néfertiti, elle découvre qu'elle aime l'art subtil d'assembler des pièces et qu'elle y parvient avec une grande aisance. Jamais, elle ne va se "prendre la tête" et, tout au contraire, elle va découvrir avec ce jeu que sa vie n'est pas finie, loin de là.

Construit par petites touches, le film de Natalia Smirnoff est un puzzle qui prend sa forme définitive sans souffrance, avec le bonheur qu'a Maria Onetto à contempler la beauté du sujet qu'elle reproduit, la joie qu'elle prend à mettre chaque pièce à sa place et à réussir son "œuvre". Tout n'est plus que luxe, calme et volupté, avec un petit sourire malin en prime.

Récemment, le cinéma américain a créé le concept de 'feel good movie', de 'cinéma qui fait du bien'. On peut dire que Natalia Smirnoff adapte la chose au goût argentin, c'est-à-dire qu'elle mâtine l'ensemble d'une bonne dose d'humour et de fantastique insidieux. Si l'on reprend la formule selon laquelle le monde est fait pour aboutir à un beau livre, Natalia Smirnoff nous donne à voir une histoire qui est faite pour aboutir à un beau puzzle. L'ultime image du film ne serait-elle pas, d'ailleurs, une belle image pour faire un puzzle ?

On pensera ce qu'on veut des qualités esthétiques de "Puzzle", on tombera certainement tous d'accord sur l'effet bénéfique que procurent ces quatre-vingts cinq minutes sur chaque spectateur.

Éloge de la lenteur et de la douceur, "Puzzle" pose ses pièces tranquillement sur 'écran. Au bout du compte, se reconstitue ainsi une belle tranche de vie, celle d'une femme qui découvre avec ravissement que la cinquantaine sera sa liberté.