Seul en scène écrit et interprété par Dieudonné Kabongo dans une mise en scène de Lorent Winson.
Pour la 2ème édition de son Festival Sautes d'humour consacré à l'humour africain, le Tarmac de La Villette a invité trois artistes, venant respectivement du Congo, du Togo et du Cameroun, à présenter un spectacle de création autour du thème du cinquantenaire des indépendances africaines.
De stature internationale, Dieudonné Kabongo, Congolais né pile au milieu du 20ème siècle et installé depuis 40 ans en pays ex-colon qu'est la Belgique, comédien, conteur, humoriste, cinéaste, poète et animateur d'émissions de radio et de télé, ouvre le festival avec un seul en scène éblouissant et roboratif au titre explicite "Bas les masques".
Eblouissant parce qu'avec son complice et metteur en scène Lorent Wanson, ils ont concocté un spectacle drôle, émouvant, extraordinairement vivant, animé de quelques chansons et surtout d'incrustations vidéo particulièrement réussies réalisées par Bertrand Baudry qui utilise, à bon escient comme valeur ajoutée - et non comme concession à la tendance actuelle de projeter systématiquement des images sur scène - des réplications en noir et blanc du comédien à la fois illustratives et interactives lui servant d'interlocuteurs virtuels.
Roboratif, parce qu'avec la collaboration à l'écriture de Lorent Wanson et Chris Borry, Dieudonné Kabongo, doté d'un humour fin et affûté, que Bernard Magnier dans l'édito du journal du Tarmac présente comme un "prince sans rire", ne pratique pas un comique identitaire de profération mais un humour réflexif qui aborde, entre autres, les délicats sujets de ce qu'il appelle "la philosophie de l'indépendance", de l'altérité, la fascination et la curiosité de l'homme pour l'homme, et de l'immigration, l'esclavage étant la première illustration de l'immigration choisie pour reprendre une terminologie qui a fait fleurette, qui constituent des thèmes universels.
En effet, par sa capacité à dépasser, sans l'occulter, la tragédie des pays colonisés, préférant substituer au ressassement stérile de plusieurs siècles d'Histoire écrits dans les larmes et le sang un regard tourné résolument vers un avenir commun, il l'érige, maniant avec une fine dextérité le paradoxe, en véritable parabole trans-civilisationnelle à partir d'une fable humoristique relatant les affres d'un village isolé qui, pour exister aux yeux du monde, doit passer par un processus de reconnaissance qui commence tout banalement avec un drapeau et des frontières pour déboucher sur la colonisation nécessaire pour accéder à l'indépendance.
Tout de blanc vêtu, panama inclus, lunette noires et grosse chaîne et pendentifs dorés, Dieudonné Kataongo débarque sur scène comme un sapeur. Mais c'est aussi un fameux griot qui nous raconte l'histoire de l'homme. |