Le livre d’Ollivier Pourriol a tout pour plaire en ces moments footballistiques. Le philosophe chausse ses crampons et revient sur les terrains de l’action. De ces incidents (qui laissèrent les protagonistes sur le KO) qui décidèrent de la physionomie d’un match, parfois de son résultat.

Six moments, six instantanés. Six vies… Six gestes qui transformèrent son auteur, au nom du public présent ou derrière son écran, en salaud ou en héros… Pas de demie mesure au foot, l’arène est Maître de ses gladiateurs.

Mais au fond, ce geste impardonnable, ce mouvement d’humeur, n’est rien autre qu’un lapsus, acte du refoulé footballistique. De ce rêve de l’interdit. Étrange mouvement, acte étranger au code du football, parfois au regard l’arbitre mais un million de fois perçu.

La frontière de l’humeur, de la bienséance est alors foulée. Et brusquement dans l’instant le Dieu devient Barbare.

Ollivier Pourriol, fan de foot, a eu l’idée, une fois nous avoir remémoré la faute, de sortir l’inconscience sportive du mausolée d’une action mille fois vue pour nous offrir, en l’analysant, une perception en creux… Une autre sensibilité. Comment pourrait-il en être autrement. Les artistes du ballon rond sont-il différents ? Naturellement que non !
Alors il faut ouvrir "Éloge du mauvais geste" à la mi-temps pour feuilleter le bouquin avec le plaisir d’un connaisseur ( et non celui d’un voyeur) et l’on se surprendra à oublier la seconde partie du match pour relire, une fois encore le chapitre consacré a Cantona.

Laissez-moi le plaisir de préférer cet homme fan du Kung Fu et amoureux de Rimbaud…

Je vous laisse à vos pages rencontrer Maradona et sa "main de Dieu"», l’autre main également, celle de Thierry Henry. Schumacher en 1982, lors de la coupe du monde lorsque l’Allemand met KO le français Battiston, Platine en 1985 sautant de joie. Malgré les morts dans les tribunes du Heysel. Enfin, Zidane et son coup de "boule" (de foot)...

Croyez-moi, le livre ne vous tombera pas des mains, vous en êtes l’arbitre. Ici aucune faute à siffler.