Réalisé
par Rigoberto Perezcano. Mexique. Drame.
Durée : 1h35. (Sortie 21 juillet 2010). Avec Harold Torres, Sonia Couoh, Alicia Laguna et Luis Cardenas.
Attention ! Ne partez pas !
Quand on s’apprête à écrire sur un film mexicain qui parle une nouvelle fois du problème des immigrés cherchant à gagner le grand voisin étasunien, on craint logiquement que la cause soit entendue et qu’un grand nombre de lecteurs potentiels ne liront pas la suite puisqu’ils n’iront de toute façon pas voir le film. Ce serait une erreur ! Une erreur de ne pas lire et surtout de ne pas aller voir…
Car "Norteado", film de Rigoberto Perezcano, a l’originalité de ne pas traiter le sujet comme on s’y attend. On ne sera ni dans la description documentaire et sociologique, ni dans la tragédie larmoyante. Certes, on verra et reverra le "mur de la honte" qui a poussé le long du Rio Grande pour empêcher les Américains pauvres du Mexique de rejoindre les Américains riches des Etats-Unis. Certes, on verra des Mexicains renvoyés à la case départ et éloignés (provisoirement ?) de leur "rêve". Mais on verra surtout une petite communauté de hasard installée à Tijuana, ville proche de la frontière, et qui, vaille qu vaille, vit au jour le jour sans pathos et plutôt bien. On découvrira aussi l’histoire d’un homme qui sortira grandi de l’expérience qu’il traverse.
"Norteado", en effet, montre que l’entrée dans l’Histoire d’un paysan sorti de son village immuable n’est pas forcément l’épreuve que l’on imagine et que les scénaristes nous fournissent le plus souvent. "Norteado" préfère travailler dans l’oblique, s’attarder sur des petites choses qui font sourire plutôt que de nous marteler la leçon officielle sur le malheur des immigrés.
Celle que "Norteado" délivre vaut vraiment la peine d’être suivie pendant 94 minutes assez jubilatoires. |