Mathieu Guillou et Ian Giddey se sont rencontrés dans une salle au cours d'un jam en 2005.
Depuis, ils sont devenus les Moutain Men.
Spring Time Coming est une réédition de leur premier album autoproduit en 2005.
Où quand un français virevoltant à la guitare acoustique rencontre un harmoniciste australien un peu fou pour livrer un véritable voyage dans le temps, celui du delta blues des années 30/40 enrichi d'une énergie et d'un intensité incroyables. On peut le dire, dès les premières notes sur les cordes rêches de sa guitare, Mathieu Guillou dit "Mr Mat", nous transporte dans une autre époque.
Il y installe aussi une voix rocailleuse, rejoint bientôt par un harmonica endiablé.
D'emblée, "Time is coming" rend hommage à ce blues rural des Mississipi John Hurt, Robert Johnson.
On est loin ici des blues électrifiés qui déboulèrent plus tard dans les grandes villes du nord des Etats-Unis. Mais les Mountain Men ne tombent pas dans le piège, ce disque n'est pas qu'un "hommage" au genre, que les choses soient claires : Spring Time Coming va s'avérer être un grand disque blues fait maison.
La suite du programme ? "Blues before my time" est clairement une ballade romantique et mélancolique à en chialer dans sa bière, où l'harmonica chantant de Ian mène la danse et le timbre de voix "black" atteint la perfection du genre.
Avec "Golden Age", on touche au blues originel, tempo très lent, quelques accords de guitares simples, harmonica plaintif, piano bar élegant, 8 minutes de grande classe. On écoute, on apprécie et on s'évade.
Quelle frite sur "My Anger" !
Ian souffle comme un damné sur son instrument diabolique, le faisant vibrer de mille feux avec un son rétro du plus bel effet pendant que Mat chante fort, limite avec ses tripes tandis qu'une guitare bien folk enrobe le tout.
Sur "Hang me" – encore un bel effort de pas loin de 6 minutes –, les Mountain Men dévoile un blues mélancolique à mort, la voix est grave et tendue, l'harmonica tremblant, conférant à cet ensemble une beauté qui en fouterait presque le bourdon. Plaintif et poignant au possible.
A la moitié de l'album, le groupe se démarque quelque peu de ce blues qui semble peut-être trop lui coller à la peau. Comme ce passage plus country sur "Old home place" ou "She shines" qui résonne comme une ballade simple bigrement enjouée. Vient un rythm'n'blues de qualité ("Hellhole") sur lequel de petits riffs à la gratte essaient de suivre l'harmonica – toujours – omniprésent de Ian.
Citons aussi le blues langoureux de "She loves me so much" qui se teinte d'une certaine sensualité soul (on le ressent bien sur la voix de Mat).
Changement de cap complet avec cette interprétation aussi étonnante que troublante des "Marquises" de Jacques Brel (Mathieu apprécie pas mal le grand chanteur belge) où Mat y prend une voix aussi déglinguée et habitée.
Et pour clôturer cette galette croustillante, deux morceaux live ont été rajoutés au Spring Time Coming original.
D'abord, "Wish I was in heaven sitting down", reprise de R.L. Burnside, qui a oeuvré dans le blues country dans les années 60
et pour finir, 7 minutes d'une très agréable ballade blues rêveuse chantée en français, "Le peintre de nu".
incroyable album dont la simplicité musicale alliant rythmes décoiffants et ballades lentes langoureuses nous renvoit à ces perles blues et folk d'antan.
Après cela, reste plus qu'à patienter de les voir prochainement en live. |