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puce Festival International de Benicàssim #16 (dimanche 18 juillet 2010)
I Blame Coco - Ellie Goulding - Efterklang - The Courteeners - Two Door Cinema Club - Foals - Echo & The Bennymen - Gorillaz - Leftfield  (Benicàssim)  dimanche 18 juillet 2010

J’ai fait mon deuil d’une bonne nuit de sommeil, après tout, c’est déjà le dernier jour ! Le ciel est bien gris, mais c’est bien connu, il ne pleut quasiment jamais au FIB…

Je prends donc mon courage à deux mains et me traîne en mode automatique sur la plage pour essayer d’y trouver fraîcheur et calme.

Hélas, la sieste sera courte car il y a encore un concert intéressant programmé ce soir dès 18h : c’est l’instant people du festival avec I Blame Coco, le groupe de la fille de… Sting. Et oui, après le fiston (Fiction Plane), c’est au tour de Coco Sumner de nous faire partager son éveil musical (oh les vilains a priori !). Evidemment on ne peut s’empêcher de penser très fort que cela doit aider d’avoir un papa connu dans le milieu.

Pourtant il faut bien reconnaître que la pop matinée d’électro ("Self Machine") qu’elle nous propose est sans conteste plus intéressante que les dernières productions familiales ! La belle a le même regard azur et le même timbre rauque et surtout l’insouciance de la jeunesse. Pas le moins du monde impressionnée, elle promène sa nonchalance sur la scène le temps d’asséner quelques titres remuants ("Caesar", "Party Bag"). Seul hic, si la demoiselle a un passé de mannequin, elle doit être fâchée avec son styliste parce que le short rouge, la chemise blanche, les chaussettes noires et les chaussures beiges forment un tout déroutant (à moins qu’elle ne lance les tendances de demain ?).

Le temps d’un passage au stand info, j’apprends que Lily Allen décroche le (peu convoité) trophée "Amy Winehouse" du FIB après deux annulations successives en deux ans, pour raison de santé. En échange, les organisateurs propulsent sur la grande scène la jeune Anglaise Ellie Goulding et sa pop sucrée pour midinettes aux textes remplis de boy, baby, girl… avec un joli brin voix malgré tout.

Je me déroute vers la fanfare Efterklang (qui eux aussi donnent l’impression d’avoir perdu un pari vestimentaire).

Venus du Nord et visiblement ravis de profiter du climat Ibérique, les Danois s’en donnent à cœur joie : ça tourbillonne dans tous les sens, avec un joyeux désordre qui rappelle forcément les débuts d’Arcade Fire. La comparaison s’arrête là car les titres sont assez inégaux et les montées en puissance parfois très très longues.

Je rejoins l’Escenario Verde pour The Courteeners. Les Mancuniens, protégés de Morrissey, sont attendus par une horde de supporters des Red Devils qui entament des hymnes entre chaque morceau. Tant de ferveur si loin de leur base, ça me laisse toujours pantois.

Côté musique, même si l’attitude est plutôt cool, on a du mal à les distinguer de cette flopée de groupes Anglais certes talentueux mais proposant une musique un peu trop uniforme.

A l’inverse, les Irlandais (et oui, encore) de Two Door Cinema Club ont su prendre le virage et continuent de faire des adeptes à chaque apparition. D’ailleurs, je remarque qu’ils ont gagné en assurance depuis leur passage au Festival des Inrocks en novembre dernier et leur aisance fait plaisir à voir.

Juste une petite remarque moqueuse : quand on veut se la jouer Rock Star, il faut aller jusqu’au bout de ses idées sous peine de frôler le ridicule (et pas se contenter de "jeter" avec moult précautions sa guitare pour ne pas trop l’abîmer). Ah ce "glissé" rebelle était assez fantastique ! C’est qu’ils ont maintenant des attitudes de grands les petits jeunes qui montent qui montent (je suis curieux de voir s’ils vont nous retenter la même à la Route du Rock !).

Trève d’ironie mal placée, je décide d’attendre les Foals pour m’assurer une place convenable. Bien m’en a pris, car le public a répondu présent et dès "Cassius", je décide même de me retirer un peu plus loin (c’est que j’ai plus l’âge de cette excitation massive !). Comme à l’accoutumée, le groupe dégage une belle énergie communicative et leur second album suit les traces d’Antidotes. A noter une des tendances 2010 du festival, aperçue à de nombreuses reprises : le dépoilage intégral (masculin, cela va de soi) suivi d’un grimper sur des épaules amies. Un jeune homme va tenter l’expérience, s’exhibant de longues minutes avant de se prendre un litre de bière (trop tentant) qui le fera vaciller (et sans doute passer une fin de soirée un peu collante), à la plus grande joie des festivaliers. Revenons à nos Anglais : ils enchaînent les tubes dansants (notamment "Afterglow" et "Spanish Sahara" les deux sommets du deuxième album) et terminent par une trilogie implacable "Red Socks Pugie" / "Electric Bloom" / "Two Steps Twice". Waouh ! Toujours aussi efficaces.

Comme précédemment, je décide de rester près de la scène Fiberfib (celle où décidément tout se passe ce soir) pour attendre de pied ferme Ian Mc Culloch et ses Bunnymen. C’est la première fois que j’ai l’occasion de les voir (j’avais bien assisté à un concert d’Electrafixion mais rien de comparable) et je compte bien être aux premières loges. Là encore, bonne initiative car le Monsieur ayant comme l’on sait son petit caractère, il fait sa Hope Sandoval et refuse les lumières agressives (il s’emporte à plusieurs reprises contre les responsables de la console). C’est donc dans une semi pénombre (qui sied d’ailleurs formidablement aux mélodies intimistes de la bande) que le groupe va se produire.

Les premiers rangs ont le privilège d’apercevoir un Ian Mc Culloch, caché derrière ses lunettes noires, en forme et à la voix intacte ; il félicite nos amis Espagnols Champions du Monde (les "Campeones, Campeones" ont d’ailleurs retenti très souvent dans les travées durant ces 4 jours, avec force drapeaux et maillots de la "Roja") avant de lancer les hostilités avec un "Lips Like Sugar" qui place la barre très haut : ça sent le concert d’anthologie ce soir et j’ai soudain des frissons.

Derrière moi, se trouve un Anglais d’une soixantaine d’années, ému aux larmes comme un gamin devant tant de classe. Il connaît les chansons par cœur et son large sourire trahit son extase ("The Disease"). Devant, c’est une adolescente affublée d’un T-Shirt de Liverpool qui semble vivre un moment d’une grande intensité. Voilà donc un groupe capable de réunir plusieurs générations dans une même émotion et c’est là tout ce que l’on attend de la musique ("Nothing Lasts Forever"). Il faut dire qu’ils sont d’une précision diabolique, ça joue juste et les jeux de lumière qui, tels des flashs, laissent entrevoir la scène par intermittence font merveille. Will Sergeant est sobre et discret mais le son de sa guitare est reconnaissable entre mille. L’apothéose viendra, comme souvent, d’un magnifique "Killing Moon" qui ne peut laisser personne insensible.

Décidément ce dernier soir est prodigieux et je ne suis pas au bout de mes surprises car c’est maintenant l’heure de foncer vers Gorillaz. Le show d’Echo & the Bunnymen m’a tellement happé que j’ai raté le début du groupe le plus attendu du festival. J’essaie tant bien que mal de me faire une place au moment où retentit "Last Living Souls".

On peut dire que Damon Albarn et sa bande n’ont pas fait le voyage pour rien. Pour le premier concert Espagnol du groupe, Gorillaz s’est dématérialisé ou plutôt humanisé puisque pas moins d’une trentaine de personnes (au plus fort) sont présentes sur la scène : des guests comme s’il en pleuvait (Little Dragon, De la Soul, Bobby Womack…), des cordes (un orchestre Syrien entre autres), des chœurs, tout cela dirigé d’une main de maître par l’ami Damon, omniprésent (il prend même soin d’aller rafraîchir personnellement les premiers rangs).

Au-dessus de la scène, un écran géant (un vrai) héberge les fameux clips vidéos du groupe dans une qualité rarement vue en festival. C’est bluffant, et c’est une vraie réussite de ciné-concert (mentions spéciales à "Stylo" et un Bruce Willis très second degré, "Dirty Harry" et sa chorale, "O Green World", "On Melancholy Hill" et son clip épatant...).

Rien à dire, ce monde onirique débordant de messages pacifistes et anti-racistes prend une dimension nouvelle en live et on assiste à un melting pot de rap, de pop, de musique classique, enchaînés avec une maîtrise impressionnante et on imagine à peine la logistique en coulisse. Le classique "Clint Eastwood" vient clôturer le spectacle, en rendant la main aux personnages originaux (2-D, Murdoc, Noodle et l’habité Russel).

Mais pourquoi ne pas avoir fermé la grande scène avec ce concert ? L’occasion était fort belle (et il est surtout très difficile de passer après un tel show).

Ne me voyant pas quitter le festival sans vivre le classique "Beau Danube Bleu", je suis contraint d’écouter jusqu’au bout la techno de Leftfield dont je ne saisis pas toutes les nuances. Ils nous gratifieront d’un long set, ainsi que d’un long rappel, on n’en demandait pas tant ! Puis le public peut enfin valser comme il se doit, dans cette ambiance toujours particulière et bon enfant, entre l’euphorie des quatre jours passés ensemble et la mélancolie inhérente aux fins de festivals.

Je traîne un peu à la Pista Pop qui m’attire avec des tubes d’un autre âge, avant de rejoindre ma tente pour un nécessaire sommeil réparateur.

Déjà l’heure du bilan : la route est toujours aussi longue, l’atmosphère étouffante et les nuits désespérément courtes, mais la magie continue d’opérer ! Pourvu que ça dure ! -40% de fréquentation par rapport à l’édition record de l’an passé, mais peut-être doit-on parler de simple retour à la normale. A qui la faute ? A la crise (qui a frappé durement l’Espagne) ? A l’affiche peut-être moins éblouissante que lors des éditions précédentes (il faut reconnaître qu’à la vue des T-Shirts des éditions 2004-2005 croisés sur le site, on prend une jolie claque ! Même si ça fait un peu vieux con, c’était mieux avant) ? A la tempête qui a frappé le festival en 2009 et découragé les moins aguerris ?

Ce n’était en tous cas pas pour me déplaire… On a enfin circulé aisément dans les travées sans pour autant perdre en ambiance ce que l’on a gagné en fluidité.

Les anciens ont fait plus que de la figuration, démontrant s’il en était besoin qu’il fallait encore compter avec eux. Et c’est bien cet équilibre inter-générationnel que l’on a toujours plaisir à retrouver ici. Parfois avec des déceptions (Siouxsie en 2008), mais souvent avec délectation (Peter Hook cette année, The Psychedelic Furs en 2009).

Des rumeurs courent sur la création d’un second FIB plus au Nord de l’Espagne pour l’année prochaine… Attention, à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, de ne pas se perdre en chemin (voir l’expérience ratée de la délocalisation du Summercase).

En attendant, je re-signe pour 2011 !

 

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Le site officiel du Festival International de Benicàssim
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Crédits photos : Franck Batalla


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