Seul en scène écrit et interprété par Valéry Ndongo dans une mise en scène de Sonia Ristic.
Le jeune camerounais Valéry N’Dongo avait bien tiré son épingle du jeu au Festival Sautes d'humour du Tarmac de La Villette en 2009, festival consacré à l'humour noir au sens africain du terme, avec son one man show mettant en scène son avatar "James Black acteur mais pas comédien" qui rêvait de devenir une star du grand écran.
En attendant la concrétisation de ce rêve, il faisait son cinéma sur scène en brossant, sur toile de fond de son kwatt, son quartier dans la ville de Yaoundé, le paysage culturel mondial avec un sens aigu de l'observation et du comique de scène.
Il revient pour la 2ème édition de ce festival placé sous le signe de l'anniversaire des indépendances africaines, avec un stand up intitulé "Bienvenue o kwatt" avec les mêmes ingrédients de base que sont un humoriste empathique, une vision très contemporaine et générationnelle des problèmes et une belle énergie.
Sous la direction de Sonia Ristic, il délivre un stand up très punchy qui, même s'il évoque en fin de spectacle les dérives politiciennes de tous bords avec une jolie caricature sarkozienne et une douloureuse dénonciation des dirigeants autochtones qui bradent son pays, privilégie l'opposition-attraction des contraires dans le domaine du particulier voire de l'intime avec un regard aiguisé sur l'altérité.
Articulé autour de portraits hauts en couleurs et de dialogues très pittoresques pris sur le vif, il brocarde, avec autant d'humour que de dérision et d'humanité - humanité qui préside à son final avec sa version customisée Kamèr du texte de la chanson "Ces gens-là" de Jacques Brel - les blancs, tels l'ami blanc chantre du partage un brin hypocrite et la "pagneuse" blanche aux sentiments versatiles, et les noirs, les "camés", urbains invétérés buveurs de bière et ataviquement polygames et les femmes aussi jalouses que palabreuses.
Et puis, il y a cette antienne qui peut être entendue simultanément comme l'expression d'un certain désenchantement ou comme une maxime shakespearienne : "Nous sommes déjà morts. On attend seulement l'enterrement. En attendant, buvons !" |