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Marguerite Duras  août 2010

Réalisé par Marguerite Duras. France. Drame. 1972. Durée : 1h23. (Sortie le 25 août 2010). Avec Jeanne Moreau, Lucia Bosé, Gérard Depardieu.

Il est peut-être temps de voir, ou de revoir, les films de Marguerite Duras. Actuellement, la dame au col roulé le plus célèbre du siècle passé vit son purgatoire, tout au moins comme écrivain et comme cinéaste, puisque son théâtre, lui, n’a pas cessé d’être joué avec un succès qui ne se dément pas.

La reprise de "Nathalie Granger" tombe à point pour infirmer le propos bêtement anti-intellectuel de Pierre Desproges, selon lequel "Marguerite Duras n’a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées".

Car, à l’époque où le cinéma ne travaille plus beaucoup sa forme et ne cesse de prendre son spectateur par la main sans lui laisser de répit pour penser quelque chose par lui-même du film qu’il gobe, revoir les essais filmiques de Marguerite Duras est un grand plaisir et un grand souffle de liberté.

Dans "Nathalie Granger", pas question de ces fausses audaces qui encombrent les films "art et essai" actuels, pas question non plus de ces effets faciles qui remplissent les cahiers des charges de notre prêt-à-penser.

Ici, on est libre : on adhère ou l’on fuit, on accepte la lenteur et l’ennui ou l’on détale à toutes jambes. On admet ou pas que des stars dans la plénitude de la quarantaine, comme Lucia Bosé et Jeanne Moreau, occupent l’écran pour débarrasser une table ou ramasser les miettes d’un après-repas.

Dans ce film fait à la maison, la caméra experte de Ghislain Cloquet peut suivre tranquillement Jeanne Moreau en train de brûler des feuilles mortes dans le jardin ; elle peut aussi s’attarder sur un petit chat noir posant ses pattes sur le dallage aux carreaux noirs et blancs.

Dans ce qui constitue son quatrième long-métrage, on découvrira combien Marguerite est à l’aise avec un récit tout en silences, en digressions et en suggestions contradictoires. Contrairement aux pas très fins propos du bien surfait Pierre Desproges, la manière d’utiliser une partition, dans laquelle la musique, les images et les mots se relaient ou se télescopent pour aboutir à une œuvre déconcertante parce que maîtrisée, prouve le talent singulier de Marguerite.

Et puis, il y a le moment-clé, le moment aussi ontologique qu’anthologique, où apparaît Gérard Depardieu. Le jeune Gérard Depardieu en vendeur de machine à laver, avec sa fourgonnette "Arthur Martin" et son vague à l’âme. "Vous n’êtes pas voyageur de commerce" se contente de lui dire Jeanne Moreau dans une séquence d’une rare drôlerie qui vaut bien "Atmosphère, atmosphère".

Film quasi fantastique, proche de l’univers d’Henry James, "Nathalie Granger" est aussi, comme les grandes œuvres de Marguerite, une variation sur l’enfance en proie au doute, une enfance menacée par l’après.

"Nathalie Granger" c’est 79 minutes ailleurs, très ailleurs, dans l’utopie du début des années 1970, où l’on croyait que l’art pouvait prendre toutes les formes et peser sur le destin d’un monde pas encore usé par son manque d’avenir.

Revenir à Marguerite, c’est se rafraîchir la tête, se décontracter l’esprit. Et tant pis pour ceux qui rient encore à Desproges.

 

Philippe Person         
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Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Dans la solitude des champs de coton" à l'Espace Cardin
"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
"Apocalipsync" au Théâtre du Rond- Point
"Weber à vif" à La Scala
"HPNS" au Théâtre La Reine Blanche
"Marée haute" au Théâtre Le Lucernaire
"Rémi Larrousse - Confidences d'un illusionniste" au Théâtre Le Lucernaire
"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

"Les nageurs de la nuit" de Tomasz Jedrowski
"Les grands ministres de Habsbourg" de Jean Paul Bled
"Le petit roi" de Mathieu Belezi
"Il ne doit jamais rien m'arriver" de Mathieu Persan
et toujours :
"Un paradis en enfer" de Rebecca Soinit
Rencontre avec Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Coven" de Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Les autres gens ne sont pas des gens comme nous" de J.M. Erre
"Le passager" de Cormac McCarthy
"La guerre sainte de Poutine" de Sébastien Boussois & Noé Morin

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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