Comédie de Gérald Sibleyras, mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec Grégoire bonnet, Gilles Gaston-Dreyfus, Anne-Sophie Germanaz et Philippe Uchan.
Les comiques à la scène sont-ils tristes à la ville ? Les tueurs à gages ont-ils envie de faire rire ? Les directeurs de festivals sont-ils des comiques ?
A ces questions, Gérard Sibleyras répond par l'affirmative dans "Stand up", son dernier opus en date, qui se présente comme une aventure de pieds nickelés, mieux un comic théâtral, qui épingle le petit monde de la scène comique - et pas seulement - avec un humour cinglant et saignant.
Doté d'une mitrailleuse devant laquelle la PK fait office de carabine pour tir aux pigeons, Gérard Sibleyras arrose sur tout ce qui bouge, sans craindre de contraindre au rire jaune ceux qui se sentent visés, en pratiquant un humour pince sans rire grandement inspiré du non-sens anglo-saxon qui déstabilise toujours un peu, aujourd'hui encore, le spectateur français, aussi dangereux à manipuler que la dynamite et qui est cependant jubilatoire.
En l'espèce, le comique, non seulement triste mais dépressif voire suicidaire au point d'apprendre par coeur les directives européennes (Grégoire Bonnet inoubliable dans "Monthy Python Flying Circus" et grandiose ici) est pris en otage, alors qu'il doit participer au Festival du rire de Morlaix, dont le directeur est un pathétique looser organisateur de bouillie culturelle (Gilles Gaston-Dreyfus désopilant), pour écrire les textes d'un stand up que projette de jouer un tueur à gages psychopathe qui n'a pas inventé la poudre mais qui sait se servir d'un flingue et qui transforme la paisible bourgade bretonne en Columbine version jeu de massacre pour clowns (superbe Philippe Uchan). Et qui est le frère d'une pseudo-étudiante qui arrondit péripatéticiennement ses fins de mois (Anne-Sophie Germanaz avenante) chez qui ledit comique a eu le malheur de mettre les pieds.
Jean-Luc Moreau orchestre avec talent cette panique au festival qui est servie fumante par une distribution optimale et optimisée. Certes la pièce ne pâtirait pas d'être un peu resserrée mais Gérard Sibleyras a le sens des dialogues qui désarçonnent, des répliques qui font mouche et des formules qui tuent.
Alors forcément ça fuse et, vraiment, servie par de bons comédiens, ça fait du bien aux zygomatiques. |