Il y a les fausses bonnes idées : d'authentiques idées, avec tout ce qu'il y faut de nouveauté, qui ont tout l'air d'être fameuses mais finissent à l'usage par se révéler fumeuses. Et il y a les bonnes fausses idées : des idées qui se donnant l'air de la nouveauté sont vieilles comme la K7 audio – mais n'en restent pas moins excellentes. C'est ainsi qu'Alter K réinvente la bonne vieille compil' avec l'air très sérieux de promouvoir un nouveau concept. Sérieusement Eric ? Sérieusement.
Pour ceux que l'art compilatoire intéresserait (j'en suis moi-même un grand adepte), je recommanderai la (re)lecture du High Fidelity de Nick Hornby. On pourra bien trouver aux propositions avancées dans cette œuvre beaucoup à redire (je suis moi-même en désaccord avec bien des choix musicaux et options compilesques), il n'empêche que l'exercice littéraire a, forcément, quelque chose de stimulant. La compilation est une façon très active d'écouter de la musique, de se réapproprier, plus fondamentalement encore que ses propres goûts, l'initiative même de leur expression, orientée par l'idée d'un partage, tant il est vrai que l'on ne compilera jamais tant que pour autrui.
Alter K est une agence de supervision musicale (direction artistique, développement de projet, conseil juridique, label, promotion...). Bref, quelque chose à cheval entre l'agent, le coach et l'écurie. La compilation Seriously, Eric ? a donc, on l'aura compris, une fin promotionnelle évidente. Mais la démarche va un peu au-delà puisque les titres proposés, vingt par autant d'artistes, sont rares ou inédits (ou, tout au moins, remaniés ou remixés pour l'occasion).
Au total, quatre-vingts minutes d'une musique souvent très synthé-pop, sautillante et entraînante, avec même peut-être un petit rien de new-wave 80's par moments, qui a en tout le bon goût de s'éloigner des sentiers rebattus par les grands noms habituels du paysage musical médicatico-indépendant. C'est frais, ça ne se prend pas trop au sérieux, c'est agréable à écouter, et suffisamment varié pour que l'on ait envie de laisser ses oreilles s'y promener à la recherche des quelques pépites qui se cachent au détour d'une piste ou d'une autre. Les miennes seront le "Marianne, you've done it know" de Vandaveer ; le "Ton serial killer préféré" d'Automatiq, boudeur comme du Alex Beaupain chanté par Louis Garrel ; et le "Riff" de The Konki Duet, comme le fils illégitime trop ressemblant du "Whirlpool of terror and tension" qui ouvrit le Random Avenger de Magyar Posse en 2006. |