Retour du duo au patronyme le moins vendeur du marché : Dan le Sac Vs Scroobius PIP, voilà bien de quoi dérouter le chaland (ou au mieux lui faire travailler sa mémoire)… Pari risqué dans une période où l’amateur de musique infidèle, submergé par l’offre, a pris l’habitude de folâtrer à droite à gauche.
The Logic of Chance fait suite au succès surprise de Angles en 2008. Découverts avec le malin Thou Shalt Always Kill (mais si, souvenez vous, cette longue énumération de groupes savamment mise en musique et ponctuée d’un "Just a Band", l’écouter c’est l’adopter), Dan et Scroobius se sont vus propulsés par un bouche à oreille supersonique (et l’effet loupe d’Internet) sur les scènes de la plupart des festivals Européens. C’est donc au terme d’une tournée épuisante que les deux têtes pensantes se sont remises à la tâche pour essayer de proposer un successeur à leur premier album.
Autant le dire tout de suite, pas de gros bouleversements à l’horizon. De là à dire on prend les mêmes et on recommence, il n’y a qu’un pas, certes un peu réducteur. Disons qu’on retrouve avec plaisir le phrasé métronomique si singulier de Scroobius, souligné par les beats appuyés de Dan, mais que l’effet de surprise est un peu passé.
L’introduction de "Sick Tonight", avec sa flûte traversière légère et enjouée (contraste parfait avec le texte plus plombant) est vite rattrapée par des beats électro oppressants.
Les changements de tempo font merveille sur "Cauliflower" (on se croirait presque par moment redescendus chez les bidouilleuses sœurs Cassidy), bien aidé en cela par la douce voix de la dénommée Kid A, susurrant en boucle des "You Are The One for Me" prometteurs. On reste cependant sur notre faim, les 2’54 de préliminaires méritant mieux que cette chute un peu brutale.
Comme sur l’album précédent, les morceaux s’enchaînent sans lien réel, chaque titre possédant sa propre atmosphère (on peut citer pour l’exemple le paisible "Cowboi" qui clôt le disque de manière surprenante). Lorsque le duo ralentit le tempo ("Five Minutes", "Inert Explosions" dont les paroles ne resteront pas dans les annales), l’ennui finit par pointer le bout de son nez… Le discours souvent léger se transforme parfois en chronique urbaine façon Mike Skinner ("Great Britain", le stressant "Last Train Home" et sa référence à Amy Winehouse) voire se politise (le radical "Stake a Claim").
Le malheur dans tout ça, c’est qu’à force de brouiller les pistes et de mélanger les genres, on se prend très souvent à penser à d’autres au fil de l’écoute des morceaux : LCD Soundsystem sur un "Get Better" incisif et joussif (qui se détache sans contexte comme le titre phare de l’album), The Streets, Dizzee Rascal, Mr Oizo sur "The Beat"...
The Logic of Chance est au final plutôt réussi mais pour la suite, plutôt que de rationaliser leur production en essayant de reproduire scrupuleusement la recette du succès, un petit retour par la case spontanéité serait le bienvenu, histoire de ne pas laisser (lasser) l’auditeur sur le bord du chemin. |