Nous avions découvert Axel et ses fermiers il y à pas mal de temps à vrai dire. À l'occasion de la sortie de leur premier EP et d'une session acoustique un peu rapide dans les sous bassements de l'Ufo.
La production par Mark Gardner, mythique figure de la scène de Manchester et ancien membre des irréprochables Ride à la trop courte carrière, était à l'époque tellement mis en avant comme argument de vente qu'il y avait lieu de se méfier. Des francais qui vont chercher des pointures outre-Manche, voire outre-Atlantique pour avoir le poil brillant, il y en a mais peu ont le ramage qui se rapporte au pelage. Bref, nous avions mis gentiment de côté Axel and the Farmers et le nouvel EP de remixes qui suivit ne nous aida pas à ressortir le groupe de nos étagères.
Mais voilà enfin le premier album et après quelques hésitations, il a logiquement fallu l'écouter, histoire d'être sûr... ou convaincu.
Et au final, Gardner ou pas, groupe français, normand ou anglais, peu importe, ce disque est bon et bien foutu. Et ouais !
Tout commence sur des guitares très New Order accompagnées d'une voix douce et mélodieuse qui se rapproche plus d'une pop claire à la Prefab Sprout que de la noise de Ride.
Bonne nouvelle. "Souvenir" et "Kids" nous rapprochent encore plus de cette musique d'orfèvres anglais avec de délicates cordes, et une mélodie qui flotte comme une bulle, aux airs là-aussi de McAlloon, mais aussi comme la suivante ("Bottle in the rain"), de Damon Albarn pour cette douceur dans la voix et ces évidences mélodiques rappelant aussi les excellents High Llamas.
Mais ce n'est pas tout. "Billy's trouble" change de registre et ramène plutôt vers la France de Gainsbourg. Un Gainsbourg qui serait chanté avec l'élégance d'un Edwyn Collins ou encore un Mick Harvey dont on se souvient avec plaisir de ses deux disques d'adaptation de chansons de Gainsbourg. On retrouve cette atmosphère un peu noir et opressante sur "The american jaw" et son rythme imparable.
Et pour aller encore plus loin, "Elektrika" poursuit dans cette lignée avec un titre relativement plus électronique en empruntant rythmiques et sonorités au kraut rock, ce qui n'est pas tout à fait un hasard puisque le clavier de Steeple Remove est un de ces fermiers qui accompagnent Axel.
Loin d'avoir choisi la facilité d'autres groupes français du moment en allant vers une pop de stades, Axel se hisse directement du côté des songwriters anglo-saxons les plus inspirés et laisser présager un bel avenir
et "Red nose", dont la voix devenue plus grave fait des merveilles, surprend une ultime fois par son rythme pour le moins chaloupé. Une belle facon de fermer le disque en ouvrant des portes.
Mais en attendant la suite des aventures musicales du plus anglais des normands, ne boudons pas le plaisir de l'écoute de ce premier disque, plutôt classe. |