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puce Claude Pompidou, l'incomprise
Aude Terray  (Editions du Toucan)  septembre 2010

En ce début troisième millénaire, la vie du gotha des têtes couronnées n'a plus le vent en poupe car le show médiatique s'est déplacé sur les politiques qui sont les stars consentantes du reality show républicain. Alors fleurissent les livres sur les élus aux plus hautes fonctions et leurs épouses.

Pour sa part, on ne peut guère soupçonner Aude Terray de faire dans la littérature people puisqu'elle s'intéresse au destin de Claude Pompidou certes décédée presque centenaire en 2007, mais retirée du premier plan politique depuis 1974, ce qui pour nos contemporains la relègue quasiment dans la préhistoire.

Sous le titre "Claude Pompidou, l'incomprise", elle signe une biographie de l'épouse de celui qui fut à la tête de la France au cours de la période faste des fameuses Trente Glorieuses, Georges Pompidou, en tant que premier ministre de 1962 à 1968 puis comme Président de la République jusqu'à son décès en 1974.

A ce titre, elle essuie les plâtres puisqu'il s'agit du premier ouvrage du genre publié sur Madame Pompidou et s'est lancée dans une difficile entreprise puisqu'elle n'a eu accès qu'à des archives officielles exhumées des archives nationales qui ne comportaient qu'un seul document relativement privé, les agendas de Georges Pompidou contenant des informations concernant leurs sorties privées, le fils adoptif des époux Pompidou, dont l'existence est au demeurant à peine évoquée dans cet ouvrage, ayant opposé une fin de non recevoir à la communication des archives privées.

Par ailleurs, elle a utilisé d'autres sources dont l'objectivité laisse dubitatif comme les coupures de presse (or elle indique par ailleurs que le président Pompidou muselait la presse pour une information aussi anodine que la date de naissance de son épouse), le livre écrit par Claude Pompidou, et le témoignage d'amis ou de personnes publiques qui encore dans la représentation ou sous les éclairages médiatiques.

En conséquence, cette biographie s'avère manifestement parcellaire et le portrait ressortit davantage à la photographie officielle qu'au portrait en ronde bosse.

De plus, le sous-titre "l'incomprise" reste un peu nébuleux, ou du moins non explicité, dans la mesure où la lecture ne permet pas de déterminer par qui et en quoi elle était incomprise. Certes Aude Terray affirme qu'elle était mal aimée du grand public et raillée dans la presse. Mais n'est-ce pas le revers de la médaille de la vie publique ? Il y a pire semble-t-il que d'être affublée du nom de Reine Claude, de Madame de Pompidour ou de Régente Bibiche. Et n'est-ce pas excessif d'induire du scandale qui a émaillé la présidence Pompidou, l'affaire Markovic et ses relents de parties fines qui s'est engluée dans un non-lieu, qu'elle a vécu une tragédie ?

Le portrait de la dame mériterait d'être affiné, car celui brossé par Aude Terray oscille entre les extrêmes, entre la femme timide, l'épouse dévouée et la tigresse, ce qu'elle justifie par "une dualité entre le conservatisme propre à son éducation et son goût pour l'innovation".

Certes, s'agissant des femmes de chefs d'Etat, entre potiche et éminence grise l'éventail est large. Mais à bien lire entre les lignes, Claude Pompidou penche plutôt de la forte personnalité qui sait bien manifester sa volonté par des diktats qui ne souffrent aucun refus et ce même après la mort de son mari. N'a-t-elle pas contre vents et marées - et malgré l'opposition présidentielle - avec le soutien de Jacques Chirac mené à bien le grand oeuvre pompidolien, le Centre Pompidou ?

Mais là où réside l'intérêt majeur de cet ouvrage, et qui résulte de sa structure chrono-thématique un peu laborieuse par ses allers-retours incessants mais qui aboutissent parfois à des contradictions révélatrices, est la narration de l'irrésistible ascension du couple Pompidou qui s'apparente à un véritable vademecum du Rastignac des temps modernes.

Sans fortune ni relation, rien ne prédisposait les Pompidou, car les Pompidou c'est avant tout un couple - même le rejeton tant attendu n'apparaît pratiquement pas - d'extraction sociale relativement modeste, lui professeur issu d'un milieu humble, réussite de l'école de Jules Ferry, elle d'un milieu de petits bourgeois de province, à présider un jour aux destinées de la France.

D'autant qu'ils ne se sont jamais investis ni dans un conflit militaire, ou plus précisément la Résistance, ni dans un parti politique, ni dans un engagement militant. Alors les Pompidou seraient-ils arrivés l'Elysée, comme l'écrit Aude Terray, presque par hasard, ni à contrecoeur, ni instrumentalisés, mais sans velléité personnelle. Quasiment, pour reprendre une expression qui a fait long feu, "à l'insu de leur plein gré" ?

Et bien non, bien sûr, parce que les Pompidou, qui n'ont rien à perdre et tout à gagner, appartiennent à la race de ceux que Aude Terray qualifie d"ambitieux naturels qui évoluent avec un vrai sens de l'amitié et de la gaité".

Doués "pour la réussite sans arrivisme", les Pompidou naviguent intelligemment dans un milieu qui n'est pas le leur avec cette qualité que l'auteur désigne comme "l'art de la dualité maîtrisée qui les protège des écueils et leur permet d'évoluer avec facilité". Et l'auteur d'ajouter : "Ils savent être sans en être, jouer le spectateur et l'acteur, faire preuve d'une familiarité de bon aloi et rester à leur place, garder une distance amusée tout en étant ouvert aux autres et capables de vraies amitiés".

Les Pompidou se lancent dans le monde et deviennent un couple prisé du Tout Paris mondain, lui pour "son humour, un œil de curé, un œil de canaille, le charme en plus", elle "pour son tempérament chaleureux et ses formules à l'emporte-pièce".

Le Tout Paris de l'époque comprend les grands patrons de presse, les financiers, les industriels et les hauts fonctionnaires qui font la fête ("la bande à Pompon") et qui ont l'habitude du pouvoir par personne interposée.

Ainsi, par le jeu des relations, le professeur devient maître des requêtes au Conseil d'Etat, maître de conférences à sciences po, obtient même la Légion d'honneur récompense les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation en 1948 en sa qualité de commissaire adjoint au Tourisme parce que l'exposition "Huit siècles de civilisation britannique à Paris" a été appréciée par la couronne d'Angleterre et banquier chez les Rothschild avant de devenir un proche du Général de Gaulle, période racontée de manière un peu elliptique.

Tout finit par la présidence de la République, et on revient à Claude Pompidou, vaillant petit soldat qui soutient son époux et en sera amplement récompensée. En effet, Georges Pompidou sera le premier président à aménager un espace public à son épouse, la culture, pour le côté moderne de ce couple épris d'art contemporain, et la compassion pour l'inéluctable côté dame patronnesse, et à donc à lui attribuer à une place de choix dans sa stratégie de communication.

 

MM         
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