Comédie dramatique de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Julie Deliquet, avec Julie André, Gwendal Anglade, Eric Charon (ou Serge Biavan), Olivier Faliez (ou David Seigneur), Agnès Ramy et Annabelle Simon (ou Julie Javovella).
Une maison, vestige d'un amour passé... Autre temps, autres meurs, c’était les années 60, amours libres, vie collective. Ils s’y sont aimés ensemble dans cette maison et aujourd’hui Pierre y vit toujours, seul. Hélène et Paul, eux, se sont mariés séparément, ailleurs.
Ils reviennent chez Pierre, embarrassés, avec leurs nouvelles familles, pour débattre de la vente de cette maison achetée en commun quelques années auparavant. Ensemble, ils vont revenir sur leurs traces.
Le texte de Jean-Luc Lagarce met en exergue le langage et la difficulté des personnages à l’utiliser, l’inadéquation entre les mots et les ressentis, ou leur adéquation trop grande peut être, par ce qu’ils révèlent et qu’on voudrait cacher.
La situation de départ est explosive et chacun est sur ses gardes, chacun surveille les paroles de l’autre, et derrières les mots, le sens que l’ont pourrait leur donner. Cynisme, fragilité, agressivité, incompréhension : chacun revit et raconte son histoire, chacun reçoit et comprend à sa façon l’histoire évoquée par l’autre dans d’impossibles retrouvailles qui rendent tout aussi impossible le deuil et donc l’oubli.
La mise en scène de Julie Deliquet met en avant le collectif. Tous les acteurs sont présents sur le plateau, sans interruption donc, des regards, des ressentis et du jeu. Le malaise des personnages et le vide de leur parole qui tourne autour du pot est palpable, à tel point que le spectateur a parfois l’impression d’assister en voyeur à un repas de famille un peu glauque, où, comme les trois pièces rapportées de l’œuvre, il est de trop. La volonté de désacraliser le texte de Lagarce est poussée à l’extrême pour aboutir à ce que Julie Deliquet nomme le "direct spontané".
Le décor est sobre, minimaliste et il n’y a pas de costume. Tout contribue à recentrer le propos sur l’interprète, seul vecteur de l’intention.
Mise en situation et atmosphère sont donc les maitres mots de ce spectacle, qui met de côté la psychologie des personnages au profit de la recherche de la sincérité de la situation, à défaut de la parole, toujours difficile chez Lagarce.
Les comédiens défendent vaillamment ce parti pris qui fait la part belle aux personnages secondaires auxquels le spectateur tend plus facilement à s’identifier. Agnès Ramy est particulièrement brillante dans le rôle de la femme de Paul et Olivier Faliez campe lui le gentil mais un peu bête mari d’Hélène avec brio. |