Monologue dramatique écrit et mis en scène par Marc-Michel Georges, interprété par Chantal Péninon.
Entre chien et loup, dans la chaleur de l’été, elle sort de derrière des canisses et s’adresse aux gens. Elle, c’est Henriette Meyrieux. Elle est en haut de la ville dans la ruine de ses souvenirs bien présents. En bas, un hypermarché a tué son commerce, et son mari est mort également.
Alors, comme pour conjurer le sort et affronter la mort, elle s’invente des vacances en car à la mer pour pouvoir revenir raconter les plages dorées à ses voisines ; en particulier "la Clabert", qui catalyse toute son amertume. De ce monologue quasi ininterrompu perce des rêves d’une vie meilleure mais aussi le souvenir du travail bien fait, à l’époque où sa boutique tournait encore.
Marc-Michel Georges, auteur et artiste complet, a écrit cette pièce il y a vingt-trois ans et elle n’a pas pris une seule ride. C’est un texte dense aux accents de révolte, mais drôle également, avec un personnage énergique qui mord encore la vie, finissant bientôt par ressembler à sa chienne Sultane avec qui elle reste là, dans ce terrain envahi par les mauvaises herbes et les orties. En ce jour de 14 juillet, son soliloque tonne comme un feu d’artifice.
Chantal Péninon nous magnétise, passant par toutes les émotions et donnant une vraie humanité à cette femme qui éclate soudain d’une parole sans doute trop longtemps tue.
La mise en scène de l’auteur dynamise encore un peu plus cette performance. La scénographie de Sylvie Galy-Nadal, la lumière et la bande-son dues à Guy Fasolato, tous remarquables, concourent à la réussite et à l’authenticité de ce hurlement poussé pour ne pas mourir.
Il faut aller découvrir "La chienne dans les orties", texte grandiose et voir cette phénoménale comédienne qui porte avec une acuité et une présence rare ce monologue, sans un seul temps mort. Sa prestation impressionne et on gardera longtemps en mémoire cette Henriette Meyrieux qui, en attendant un hypothétique car qui ne viendra jamais, lance ce long éclat de rire de désespoir. |