Spectacle écrit par Lise Martin, mis en scène par Alain Trétout et interprété par Jean-Claude Fernandez.
Lise Martin est un auteur qui écrit pour les enfants. Difficile exercice, qui doit éviter mièvrerie, démagogie et permettre à l’enfant de s’identifier au personnage.
Pablo est un garçonnet d’âge indéfini, qui vit dans une cité de banlieue, souffre de l’ascendant d’un frère et de l’absence cruelle du père. On le suit à l’école, où ses talents laissent indifférente la maîtresse. On le voit dans ses jeux, maladroit et en mue. On le devine blessé par sa condition de mutant et d’immigré.
Des images en vidéo - c’est la mode - ponctuent cet itinéraire d’un enfant pas gâté qui désire s’intégrer, faire plaisir à sa mère et se découvrir une fierté d’exister. Le message humaniste de l’auteur a vertu de pédagogie et de morale.
Mais c’est le comédien caché sous son masque, le très sensible Jean-Claude Fernandez, qui, dansant, boudant, traînant des pieds (comme on oublie vite !) entraine ainsi l’adhésion et le rire des plus jeunes. Le masque, un peu effrayant, qu’il porte, c’est la peau de l’étranger, la façade du caïd, la nudité de l’émotion, le versant où coulent les larmes, l’incroyable petit paysage des sens et de l’identité.
Fernandez dit juste, sait se souvenir, invoque et convoque le souvenir de ses blessures pour que les enfants apprennent que d’autres aussi, avant, ont appris à vivre.
Les musiques de Denis Chouillet sont belles, la mise en scène d’Alain Trétout, sans complaisance, et la beauté, présente, par respect. Loin des criards et hurlants "spectacles pour enfants" - les pauvres ! - "Pablo Zani à l'école" se distingue par cette sobriété et cette absence de caricature qui soulignent la délicatesse d’intention et le souci d’élever, sans séduire. |