Monologue dramatique écrit et mis en scène par Marc-Michel Georges, interprété par Chantal Péninon.

A qui appartient les mondes de Marc-Michel Georges ? Loin d’être une question anodine, elle mérite réflexion tant cette Henriette colle à la peau de Chantal Peninon (l’interprète) à la manière d’une Bernadette Laffont. Une parenté de jeu avec l’actrice chère à François Truffaut.

Un monde en souffrance qu’expose Marc-Michel Georges au regard de tous, avec cette particularité qui peut indisposer le spectateur, cette constance à l’immobilité. Une impossibilité pour Henriette à vouloir quitter son territoire.

Est-ce le courage qui manque ? Que serait-elle sans sa voisine/ennemie. Sans sa boutique, sans les silences avec qui elle dialogue ?

Depuis la mort de son homme, le veuvage a la violence de la solitude. Henriette nous l’impose comme une forme de confession. La hargne du désespoir qui brise les conventions sociales de la bienséance. Déconnectée, Henriette croit pouvoir trouver au bord de la mer (elle n’a jamais foulé le sable doux d’une plage) cet espoir oublié. Gommer de sa vie un passé sans gloire.

Mais le car, lui en a décidé autrement…

Alors c’est le début de l’attente au bord de la route avec son chien, ses baluchons et aucun rêve en tête.

Les mots en bouche, écrits par Marc-Michel Georges, servent avec justesse le lent dérapage d’Henriette qui nous fait, et vous le savez cher public, prendre conscience de l’importance du jeu solitaire sur scène. De cette mise à disposition d’un verbe fort, servi sans concession par une comédienne dont on aimerait que les gens de métiers s’en souviennent.

Il y a entre Marc-Michel Georges et Chantal Peninon une connivence, celle de nous offrir une soirée théâtralement forte, d'où l’on ressort avec le plaisir secret d’avoir partager l’intimité d’un personnage.

Ce n’est pas tout les jours que l’on peut écrire cela.