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Shut Up and Dance  (Bee Jazz)  septembre 2010

Immense ONJ ! Cela devient désormais une évidence lumineuse : si nous avions un peu boudé les débuts tâtonnants de l’ONJ dans sa nouvelle formule, c’est tout simplement qu’il lui manquait quelque chose d’essentiel : un album de référence, un répertoire original. C’est exactement ce que Daniel  Yvinec nous propose ici. Et quel répertoire ! Et quels musiciens ! Et quelle intelligence dans les compositions et les arrangements !

Il faut dire, et là est toute la force du travail de direction artistique d’Yvinec qui prend ici tout son sens, que l’orchestre après s’être inspiré de Wyatt, de Billie Holiday ou de Carmen s’appuie enfin sur son propre matériel, un répertoire conçu tout spécialement pour lui par John Hollenbeck le génial batteur américain (Claudia quintet), chef d’orchestre (John Hollenbeck large ensemble) et grand compositeur.

La rencontre entre les deux hommes est fondamentale et prend racine dans la diffusion par une radio américaine du travail de l’ONJ sur Robert Wyatt. Musique entendue de l’autre côté de l’Atlantique par le compositeur, immédiatement séduit et tenté par l’aventure d’un travail en commun avec cet Orchestre National de Jazz français dans le cadre d’un candidature pour une bourse dédiée à un programme d’échange franco-américain autour du jazz.

La force de l’album va venir avant toute chose d’une compréhension très intime d’Hollenbeck de la personnalité de chacun des  membres de ce tentet auquel il dédie chacun des 11 titres à raison de 1 par musicien + 1 pour le groupe dans son ensemble. Avec 10 personnalités musicales aussi fortes que celles qu’affirment désormais ces jeunes musiciens le projet aurait pu se montrer kaléidoscopique s’il n’avait mit au contraire en exergue la formidable complémentarité complicité qui, projet après projet, scène après scène, existe désormais dans cette jeune formation. Hollenbeck leur donne le moyen d’exister avec autant de force individuelle (tous les solistes sont absolument magnifiques) qu’au service du jeu collectif et d’une pâte orchestrale qu’ils parviennent grâce à une direction d’orchestre réglée avec un soin d’orfèvre à faire vivre avec passion.

La base de ce travail d’écriture fut pour Hollenbeck le projet qu’Yvinec souhaitait dédier à la danse et au rythme. L’approche qu’il en fait est remarquable par sa subtilité et son intelligence. Evitant les pièges du bon vieux swing qui groove ( ce qui n’aurait pas été très passionnant) Hollenbeck invoque le rythme par touches, par rappels. Comme il le dit lui-même, en créant le lien « entre le mouvement et l’émouvant ».

Le compositeur parvient alors à marier un espace musical très vaste, une musique aérée à un discours dense dont les grilles de lecture ne cessent de varier. Où un tiroir se ferme pour laisser un autre s’ouvrir. Le rythme s’installe ou se devine, joue un jeu d’ombres toujours passionant. Rythme primaire, binaire, ternaire ou quarternaire que sais-je ! La pulse s’installe toujours, omniprésente mais jamais lourde. Elle est électro ou jazz-fusion avec Pierre Perchaud ou Africaine et tribale avec Joce Mienniel. Elle se propage par une simple balle de ping pong sur les cordes du piano préparé de Eve Risser dont on connaît la percussivité du jeu (formidable et ténébreuse sur "Shaking peace"). Elle transpose le rythme primaire de "claves africaines"   ( joué sur des tubes en PVC) dans un hommage collectif à Bob Brookemeyer. C’est aussi la danse comme dans ce "Praya Dance" aux tourneries d’un chamanisme moderne.

Mais l’approche de Hollenbeck est subtile. Pour que la force du rythme apparaisse, il faut qu’elle disparaisse aussi. D’où cette lecture jamais linéaire. D’où ces passages transitionnels où l’orchestre semble s’appesantir, se muer lentement dans un entre-deux avant de renaître au morceau suivant mettant alors en évidence la pulse dans toute sa force tellurique. C’est ainsi que prend tout son sens le phrasé incandescent d’Antonin Tri-Hoang (sur "Melissa Dance") ou lyrique de Mathieu Metzger ( sur "Bob Walk") tous les deux formidables. Il n’est que d’entendre ce "Falling Dance" et de prêter attention à la progression harmonique et rythmique menée par Guillaume Poncelet, brillantissime. Écriture et orchestration superbe, morceau à lecture multiple et à la géométrie variable. Moment fort où le soliste et l’orchestre font corps, solidaires et unis. Et cette simple cohésion suffit à l'émotion, ainsi que le souhaitait Hollenbeck lui même.

Et toujours l’orchestre dans son ensemble qui vit et se meut sous la houlette du jeune batteur Yoann Serra exceptionnel , exemplaire et littéralement explosé jusqu’à ce bouquet final à lui dédié et qui laisse ses dernières notes comme les empreintes fortes qui s’effacent doucement après la tempête. La musique alors transcende.

Définitivement emballant on a le sentiment de voir éclore enfin ce jeune orchestre si prometteur avec un album qui fera date dans l’histoire de l’ONJ.  On le passe et le repasse sans lassitude. Car on a la cerittude  d'avoir assisté à un moment de pure création. Un orchestre, un grand orchestre naît ici. Il prend la dimension des très grands, du calibre des Maria Schneider, des Mathias Ruegg et des….. Hollenbeck.

Chronique originale publiée dans
Les Dernières Nouvelles du Jazz

 

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La chronique de l'album Electrique de ONJ


En savoir plus :
Le site officiel de l'Orchestre National de Jazz


Jean-Marc Gelin         
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