Mercredi 9 juin 2004 Jack the Ripper joue en première partie de Luke à l’Elysée Montmartre. Il en est ainsi sur les billets mais devant la salle, seul Luke est annoncé. Il faudra attendre quelques minutes avant l’ouverture de la salle pour voir le chanteur de Jack the ripper venir apposer lui-même l’affiche noire et verte du groupe devant l’indifférence d’un public peu nombreux venu pour Luke, énième prétendant au titre de Noir Désir en stand-by, groupe de rock bordelais en pleine hype dans lequel évolue le bassiste d’Eiffel.

Jack the ripper occupe une place atypique dans le milieu musical français. Peu adepte du clonage, les Jack The Ripper ont choisi de partir loin et de ramener de ce voyage musical des influences plutôt rares actuellement dans notre hexagone où le parisianisme de quelques happy few sert de baromètre musical, criant au génie au moindre pépiement d’un ex-top model.

Fort injustement, les Jack the Ripper n'ont pas encore le même succès avec leur musique tout droit sortie d'un mélange entre cabaret et jazz, rock et blues. Le groupe, au nom inspiré de la chanson de Nick Cave, nous prouvent une fois encore qu'ils n'avaient (presque) plus rien à envier à leur illustre aîné.

Devant une salle archi bondée, les Jack the Ripper ouvrent la soirée et nous offrent une prestation d’un tel niveau que la tête d’affiche aura sans doute dû ramer dur.

Une prestation époustouflante qui a su non seulement attirer l’attention du public mais électriser complètement la salle et même captiver l’auditoire au point où tout le monde oubliait de jacasser et tapait dans les mains et que les applaudissements entre certains morceaux ressemblaient plus à un rappel furieux qu'à un intermède formel comme cela est souvent le cas.

Un public conquis certes et des musiciens également heureux d'être là, à l’aise avec un répertoire complètement maîtrisé, issu pour l’essentiel de leur deuxième album, et parfois surpris d'un tel accueil.

Tous les morceaux sont quasiment ré-orchestrés et tendent vers la perfection, épurés, comme réduits à l'essentiel, débarrassés de tout superflu pour magnifier la tonalité musicale et la puissance du son, dans lesquels chaque instrument prend toute son ampleur.

Puissance de son qui n'a d'égal que le pouvoir onirique de leur univers musical et la voix et le charisme du chanteur dont on perçoit sous l'aisance pendant les morceaux, dont certains sont théâtralisés, une certaine timidité et réserve, qui scrute le public avec un certain plaisir de voir autant de mains levées. Malgré les barrières de sécurité, il rejoint le public comme il aime le faire pendant "The assasin" et épuisé se reposera quelques fois sur l'estrade du batteur. Fatigue et sueur ne l'empêcheront pas de martyriser comme il se doit le tambour sur "Party downtown", morceau de bravoure et baromètre du groupe.

Si ile public exulte sur "Prayer in a Tango", médusé, il paraît presque recueilli sur "La femelle du requin".

Plus d'une heure non stop et un rappel, pendant lesquels tous les "classiques" sont passés en revue épaulés, comme à l'Européen par un duo de cuivre subtil mais efficace, avec en guise de cadeau, un inédit pendant lequel le chanteur déclame un texte.

En conclusion, leur morceau de clôture ébouriffant à la 16 Horsepower avec une guitare arabisante envoûtante en diable laisse tout le monde sur le carreau, dans un bain de sueur d'autant plus présente que la chaleur était écrasante.

Vivement bientôt ... le prochain album des Jack the Ripper.