Comédie dramatique de Caryl Churchill, mise en scène de Aurélie Van Den Daele, avec Dahlia Baruchel, Aurélie Charbonnier, Aurore Erguy, Julie Le Lagadec, Marie Quiquempois et Audrey Thivillon.
A l’aube des années 80, dans une Angleterre qui se prépare à rentrer dans le "thatchérisme", on assiste au bouleversement personnel d’une femme, Marlène, et aux dommages collatéraux occasionnés par ses nouvelles fonctions dans l’agence de placement dont elle veut prendre la tête et ce par n’importe quel moyen.
La remarquable pièce de Caryl Churchill dépeint le comportement d’une partie des femmes à l’ambition démesurée à la fin du 20ème siècle, pressées d’être les égales des hommes et obligées pour cela de durcir leur comportement.
Elle est sans concession avec une certaine forme de libéralisme qui en laisse une partie sur le carreau, comme cette ouvrière, Joyce, qui n’arrive pas à joindre les deux bouts mais élève en la faisant passer pour sa fille, sa nièce que sa soeur Marlène lui a laissée. On suit donc avec intérêt les espoirs d’Angie, gosse paumée qui se sait abandonnée et rêve d’une vie nouvelle loin de sa misère quotidienne.
"Top girls" pose des questions, hélas toujours actuelles, sur l’avenir d’une société déshumanisée basée sur le modèle masculin, à la course effrénée au pouvoir et à l’argent.
Aurélie Van Den Daele présente un spectacle quasiment parfait, fluide et formidablement bien mis en scène, où l’on apprécie un vrai travail de groupe et une recherche esthétique réussie. Les changements à vue autour de panneaux roulants apportent une vraie dynamique pour un spectacle en perpétuelle évolution et qui ne perd à aucun moment sa force et son ambiance inquiétante, à l’image de cette première scène déroutante et hypnotique semblant sortir d’un film de David Lynch.
L’ensemble est porté par des comédiennes toutes sensationnelles qui passent d’un rôle à un autre avec une belle aisance. Marie Quiquempois est littéralement bluffante et Julie le Lagadec aussi crédible en ado qu’en papesse. Quant à Aurore Erguy dans le rôle d’Angie, elle est éblouissante de sensibilité et d’intensité. Chacune de ses apparitions est un moment bouleversant dans ce drame implacable.
Travail sans-faute, donc, pour la Compagnie Bricole qui ne devrait sûrement pas en rester là.
Une très belle surprise. |