Dans le cadre de sa 9ème Fête du cinéma d’animation, le Forum des Images rend un hommage quasiment complet à un maître méconnu de l’animation, le tchèque Jan Svankmajer.
Hors norme, aussi loin d’une animation infantile que d’une animation ultra technologique, Jan Svankmajer se définit lui-même comme un héritier du surréalisme.
Depuis 1964, il n’a cessé de réaliser courts et longs métrages sans s’enfermer dans une technique particulière.
En France, on a pu voir plusieurs de ses longs métrages, notamment "Faust" et "Alice". C’est ce dernier film qui a été le seul à connaître une sortie commerciale dans l’hexagone à la fin des années 80. À l’époque, on a signalé combien sa vision du chef d’oeuvre de Lewis Carroll était radicalement opposée de la mièvrerie de celle issue des studios Disney.
Comme dans la plupart de ses films, Svankmajer ne s’appuie pas en priorité sur des dessins mais plutôt sur des collages, sur la juxtaposition d’éléments en volume qui passent dans un décor, dans un cadre, qui s’y agglutinent, s’y dispersent puis disparaissent avant de laisser la place à d’autres ou de laisser revenir certains que l’on avait vu précédemment. Le récit est ainsi plein d’à-coups, de choses - au sens propre ou figuré - qui s’interpénètrent et se contredisent.
Surréaliste, Svankmajer est aussi un descendant de Lautréamont. Ici les machines à coudre sont prêtes aux plus improbables accouplements chers à Isidore Ducasse.
Dans l’univers de Svankmajer, les steaks peuvent danser le tango et les objets donner bien du souci à leurs propriétaires.
Bruités plus que parlés, les films de Svanjmaker ont quand même posé des problèmes à la censure communiste car tous ces mouvement d’éléments hétéroclites sont propices à toutes les interprétations et surtout ne rentrent dans aucune case intellectuelle connue. Pas bien vu des idéologues de tout poil, Svanjmaker n’a pas non plus convaincu les mercantis capitalistes qui pensent évidemment que ces élucubrations qui auraient plu à Raymond Roussel ne sont pas destinés au grand public encore moins aux enfants habitués à Bob l’éponge.
Malgré tout, le journaliste qui connaîtrait l’oeuvre de Svanjmaker et aurait l’idée de demander à Tim Burton ce qu’il en pense recevrait l’estime de celui-ci. En effet, l’auteur de "Beetlejuice" reconnaît le maître tchèque comme l’une de ses influences majeures. Il n’est pas le seul de la "jeune garde" à s’y référer : c’est aussi le case de Darren Aronofsky, le très controversé réalisateur de "Requiem for a dream".
Il est donc temps de découvrir une œuvre originale et de rencontrer son auteur qui sera présent au Forum des Images notamment mardi 26 octobre à 19 h 30 pour la projection de son dernier film, "Survivre à sa vie (Théorie et pratique)" et le mercredi 27 octobre à 19 h 00 pour une rencontre avec le public animé par Pascal Vimenet.
Avis aux curieux, aux amateurs de "cabinets de curiosité", regarder les films de Jan Svankmajer est une expérience unique qui réjouira ceux qui ont toujours la foi dans le cinéma et sa capacité de toujours les surprendre... |