Rarement premier album fut aussi attendu (au tournant)… Plus de quatre ans après le buzz phénoménal déclenché par une poignée de singles intelligemment essaimés (dont le tube indéniable "Pop the Glock") et quelques EPs prometteurs (en 2006 et 2007), voilà donc enfin la production solo de la lutine électro Uffie, annoncée comme la révélation Pop de 2010.
Connue pour ses collaborations multiples (Justice, Feadz) et ses frasques nocturnes qui en ont vite fait une égérie des soirées Parisiennes, la belle américaine (de son vrai nom Anna-Catherine Hartley, moins porteur il faut le reconnaître) s’est entourée de ce qui se fait de mieux sur la place en matière d’électro. Ce n’est rien moins que la plupart des têtes pensantes du label Ed Banger Records qui se sont portées à son chevet pour mener à bien ce projet : Mr Oizo, Feadz, SebastiAn, Mirwais… Et c’est bien là que le bât blesse : car le disque finit par ressembler à une grande kermesse électronique, un exercice de style(s) où la variété des productions (si marquées qu’elles sont reconnaissables dès les premiers beats) en font une compilation, un enchaînement de morceaux légers sans réelle ligne directrice.
Uffie et sa bande nous propose pas moins de 14 titres, la plupart auto-centrés sur la vie de sa petite personne : "I am the one they call Uff, I am the diamond in the rough", mais heureusement accompagnés d’une dose salutaire d’auto-dérision (sans laquelle l’exercice poseur commencerait à sentir le renfermé) "I never claim to be an artist, I can't even sing, you know ?". Oui, oui, on commence à se faire une bonne idée de la question, tant la voix est retouchée et trafiquée… Réfractaires à l’auto-tune, passez vite votre chemin au risque de ne pas supporter certains titres ("First Love", "Our song", "Neuneu" abusent du procédé et il devient difficile d’imaginer la transposition de l’album sur scène).
Ces critiques mises de côté, le disque est parsemé de petites perles où les paroles d’Uffie posées sur l’électro raffinée de ses amis font mouche. Cela démarre sur les chapeaux de roues avec le toujours sensuel "Pop the Glock" et son rythme entêtant, qui même s’il commence à être un peu daté, nous rappelle que son style a été bien copié depuis 2006 ! "Art of Uff" est beaucoup plus sombre, limite angoissant, suivi du poids lourd "Add SUV", fruit de la collaboration avec Pharell Williams, rien de moins !
Quelques titres se distinguent particulièrement : le groovy "MCs Can Kiss" de Mr Oizo (dont le saxo solo final en rappelle d’autres), "Difficult" et son phrasé impeccable et le dansant "Illusion of Love" où l’apparition de l’ex-Rapture Mattie Safer est très réussie.
On oubliera en revanche la reprise du "Hong Kong Garden" de Siouxsie and the Banchees qui n’apporte pas grand-chose de nouveau (simple clin d’œil à sa jeunesse chinoise ?) pour lui préférer l’utilisation beaucoup plus intéressante du sample du Velvet sur le titre éponyme de l’album.
Au final, Sex Dreams and Denim Jeans se révèle un peu décevant sur la longueur (au regard de l’attente et des espoirs générés) ; cet album comblera tout de même le public Electro / Pop et reste une belle performance pour un premier essai à tout juste 23 ans. A consommer sans modération (mais plutôt rapidement avant péremption) ! |