Voilà un mois déjà que s'est déroulée la première Master Classe de la saison 2010-2011 et le public se presse à la Pépinière Théâtre avec autant d'enthousiasme que d'addiction.
La Master Classe de novembre 2010 dispensée par Jean-Laurent Cochet est placée sous le signe de ce que le néophyte qualifiera sans doute de virtuosité.
Et qui, pour le Maître, constitue "simplement" une des conditions indispensables du métier de comédien qui est de savoir écouter son partenaire en étant toujours rassemblé ce qui lui permet, à l'instar des musiciens en répétition qui reprennent ex abrupto à partir de la mesure indiquée par le chef d'orchestre, d'enchaîner au milieu de n'importe quelle réplique.
Et pour éprouver les capacités d'attention et de concentration, il les confronte à "l'exercice du trapèze" qui consiste à faire interpréter le même rôle par plusieurs élèves en alternance impromptue puisque c'est Jean-Laurent Cochet qui désigne celui qui doit immédiatement reprendre la parole sans qu'il n'y ait de hiatus pour le spectateur.
Un exercice bien évidemment difficile, spectaculaire et enthousiasmant qui sera au coeur de ce cours public d’interprétation dramatique.
"L'insolite au naturel" avec Anne Kirtsner qui théâtralise joliment le poème "Adrien" de Jacques Prévert.
"Bravo !" pour Franck Cicurel et Guillaume Beyeler dans les rôles de Cléonte et Covielle dans "le bourgeois gentilhomme" de Molière qui est l’occasion pour Jean-Laurent Cochet de rappeler la varie fausse polémique Molière-Corneille.
"Merci mes enfants !" avec le premier exercice de trapèze effectué par Honorine Magnier, Sylvain Mossot, Margaux Garlaschi et Thomas Ganidel dans les rôles de Sylvia et Trivelin dans "La double inconstance" de Marivaux.
"Pas mal", dans le même opus, avec un sextet masculin Arlequin-Trivelin composé de Federico Santacroce, Gaspard Caens, Alexandre Brugère, Pierre Boucard, Vincent Simon et Hugues Popot.
"Magnifique !" pour un exercice de trapèze d’autant plus "culotté" qu’il s’applique à la scène entre Néron et Narcisse dans "Britannicus" de Racine avec deux binômes (Axel Vanacker/Benjamin Descampset Jonathan Khelifi/Matthieu Beneteau) à la couleur très différente et qui cependant sont fidèles au texte et aux personnages.
"Merveilleuse !" cette Agrippine interprétée de manière impressionnante par Laurence Fischer face à Thomas Ganidel qui amadouerait le plus farouche détracteur de la versification racinienne et obtient une belle ovation du public qui a été littéralement sidéré par sa prestation.
"Le génie est partout" chez Sacha Guitry, un des auteurs de prédilection de Jean-Laurent Cochet qui lui a consacré un "A propos de…", publié récemment aux Editions Oxus, qui aborde sa personnalité et ses oeuvres à travers son propre parcours de comédien et de metteur en scène.
Ce soir, il s’agit d’une pièce en un acte intitulée "On passe dans huit jours", qu’il cerne avec son sens percutant du raccourci ("12 minutes pour enchanter alors qu’il faut deux heures aux autres pour nous ennuyer"), et qui met aux prises un auteur dramatique médiocre et une comédienne débutante un peu verte, donnée de manière aussi pétillante qu’irrésistible par Albert Willemetz, descendant homonyme du célèbre librettiste et meilleur ami de Sacha Guitry, et Delphine André.
Enfin, pour clore la soirée, "L'érotisme sur scène" ponctué d’éclats de rire avec la scène entre la fille effrontée de l’horloger et le fils timide du boucher extraite de "Lucienne et le boucher" de Marcel Aymé avec, dans le jeu en miroir, deux couples pétillants (Juliette Delacroix/Romain Trichereau et Noémie Caillaut/Etienne Wolff). |