Comédie dramatique d'après le roman de Gaston Leroux, mise en scène de Henri Lazarini, avec
Patrick Andrieu, Alix Bénézech, Marie-Christine Danède, Emmanuel Dechartre, Jean-François Guilliet, Jean-Baptiste Marcenac, Pascale Petit et Benoît Solès.
Auteur du fameux "Mystère de la chambre jaune", Gaston Leroux a inventé, avec "Le Fantôme de l’Opéra", un personnage romantique devenu mythe.
Dans les couloirs de l’Opéra de Paris, une ombre rôde. On entend sa voix dans la loge n°5 qui lui est réservée. La cantatrice Christine Daé, aimée du vicomte de Chagny, possède une voix qui enchante le "Fantôme" : il exige du directeur, par lettre impérieuse, que tous les grands rôles lui soient confiés. Faute de quoi, la foudre s’abattrait sur le palais de Garnier… Créature de l’Au-delà ou amant blessé, le mystérieux personnage impose sa loi, des profondeurs de la Grange-batelière aux toits verts de l’Opéra.
Le metteur en scène, Henri Lazarini, a choisi de ne pas copier la version "comédie musicale" de Webber (qui enchante les Américains en reconstituant une France de carton-pâte) mais d’installer une ambiance délicieusement morbide, mêlant des évocations de tombeaux du Père-Lachaise à des peintures du XIXème siècle, recréant ainsi authentiquement l’atmosphère romantique de l’œuvre, et des œuvres lyriques (Faust, Tosca…).
La distribution repose entièrement sur les épaules du "Fantôme", alias Emmanuel Dechartre, qui compose ici un inoubliable personnage, émouvant, déchiré, insaisissable, qui arrache les larmes dans ses cris de détresse et d’amour sans espoir dans des scènes saisissantes de beauté, où son jeu atteint les hauteurs d’un……..tandis que l’esthétisme évoque "La Belle et la bête".
A côté de lui, Alix Bénézech compose une Christine de charme, avec parfois des vociférations de harpie un peu trop contemporaine, mais un vrai talent. Chagny, c’est Benoît Solès qui ose être un prince charmant à l’heure où il est de bon temps de les décrier et de se désepèrer de ne fréquenter que des mufles. Les seconds rôles sont également convaincants.
Pour ceux qui ont gardé le sens du merveilleux, le spectacle offre un moment d’émotion et de beauté rares aujourd’hui. Pour les autres, ricanement de rigueur. Ils n’auront pas ici leur dosette de dérision. Il faut prendre au sérieux une fantaisie si bouleversante : un opéra des sentiments. |