Il y avait le math-rock, ses architectures rythmiques impossibles, ses méandres mélodiques, sa folie jusqu'au-boutiste et expérimentale. Foals lui a fait subir une sacrée cure de jouvence, enfiler des jean slim et des chemises à carreaux. Bienvenu dans l'univers de la math-pop.
Moins intello que Battles, moins rageur que Don Caballero, teinté peut-être du sens des cordes africaines dans une couche ou l'autre de ses superpositions, le quintet de Bristol propose ainsi une musique qui réussit le prodige d'allier complexité et légèreté, technicité et festivité. Le pire ? C'est que ça fonctionne, et même plutôt bien à en croire le succès notable de leurs deux albums, Antidotes (plus pop) et Total Life Forever (légèrement plus froid, à la façon d'un Kid A / Amnesiac).
En concert, le succès ne se dément pas, et le public est venu nombreux au Splendid de Lille. Je suis même étonné comme ce public, jeune, beau et tout à fait à la mode, semble connaître sur le bout des doigts les titres du groupe, réagissant parfois dès la deuxième note de guitare d'un "Cassius" ou d'un "Balloons". Alors, on danse et on sautille, gaiement. Il y a dans tout cela un côté electric dance floor tout à fait plaisant.
Sur la scène enfumée, le groupe délivre une prestation énergique, sans fioritures ni arrangements particuliers, si ce n'est la prolongation explosive attendue sur "The Electric Bloom" avant une première sortie de scène et deux rappels réclamés à corps et à cri par un public ravi.
Yannis Philippakis occupe logiquement l'avant de la scène, où il tourbillonne, escalade un amplificateur puis un autre, bondissant.
Pour le reste, on danse, ravi, et emporté par des rythmes que l'oreille a bien renoncé à percer à jour, par une voix cousine de celles de Robert Smith ou Luke Jenner (The Rapture). Une soirée d'insouciance, de fête – n'est-ce pas suffisant pour un soir de concert ? Pop, éminemment.
On aura également eu le plaisir de découvrir en première partie le trio londonien The Invisible – oui oui oui, au singulier, puisqu'il s'agissait à l'origine d'un projet solo, agrandi en authentique groupe au cours des années. Centré sur le guitariste jazz Dave Okumu, le trio délivre une musique aux influences multiples, où l'amateur de rock aura peut-être un peu de mal à retrouver ses marques. Jazz, funk, fusion, rock indé...
J'ai pour ma part songé sans trop savoir pourquoi à Block Party au cours de quelques moments d'orages électriques. Malgré un premier album qui semble avoir, outre-Manche, trouvé son public, la prestation du groupe avait encore quelque chose d'un peu vert ; et inégal. On retiendra néanmoins un bien joli final à l'électricité bienvenue. Si l'ensemble du set avait été de ce niveau, on aurait applaudi des deux mains. |