On n’en croyait pas nos oreilles… ni nos yeux d’ailleurs.
Un Point Ephémère bondé ras la gueule de ce que Paris peut produire de plus hype. Youpi tralala, nous y voilà. Pas le choix. Pour voir bien sûr No Age, performer anciennes et nouvelles compositions formidablement sauvages et bruitistes, mais aussi pour retrouver Abe Vigoda, que nous avions découvert il y a de deux ans, dans cette même salle.
Il faut dire que la rencontre avait été marquante. 50 pèlerins peuplaient péniblement l’espace, alors que les Californiens envoyaient sur cette non-foule, leur tropical-punk-foutraque. Pour certains, il paraissait évident qu’un "how-to-survive tropical-punk-foutraque for dummies" n’aurait pas été superflu. Il ne nous en fallait pas davantage pour être convaincus du bien fondé de la formation. Allez si ! Argument non négligeable. Les géniaux Ponytail ont tout simplement intitulé un de leurs titres, du nom de leurs frères d’armes. Voilà, la boucle est bouclée. L’album Skeleton était acheté et usé sur la platine. A l’heure où Vampire Weekend commençait à voir ses superbes (mais néanmoins très sages) rythmes pop-afro-beat gagner ses lettres de noblesse, Abe Vigoda surenchérissait déjà.
Imaginez donc l’enthousiasme qui nous portait jusqu’à la salle du canal Saint-Martin. Imaginez la surprise de voir cette salle comble (ok, No Age en tête d’affiche). Imaginez la déception franche à la découverte de Abe Vigoda 2.0… Qu’est-ce que c’est que ce synthé ? Qu’est-ce que c’est que cette voix toute propre ? Qu’est-ce que c’est que ces rythmes ? Qu’est-ce que c’est que ce son goth-pop 80’s ? Qu’est-ce que c’est que ce nouveau batteur ?...
Force est de constater que nos amis ont viré leur cuti. L’esthétique electro-rock 80’s très écrite a pris le pas sur la créativité punk hargneuse et foutraque. Il est donc désormais question de changement de cap. Celui du compromis, de la production léchée, du plus convenu… celui du succès ? C’est la question qui fâche. Quoiqu’il en soit et pour faire preuve d’honnêteté, le nouvel opus Crush est malgré tout digne de tourner sur une platine. Y’a pas, c’est bien foutu et ça reste de bon goût. L’univers pop évite l’écueil du sucré, et tend vers quelque d’assez sombre et dansant à la fois. Plutôt un bel exercice de style.
Bref, avec Crush, la formation sort de l’underground pour se mettre en lumière. Eblouissant ? Pas forcément pour les fans de la première heure. |