Avant le reggae, il y avait le ska. Avant le ska, il y avait le rock steady. Avant le rock steady, il y avait le mento, une sorte de folk/country chaloupée proche du calypso. Un de ses représentants historiques est de retour... The Jolly Boys est un groupe fondé en 1955 et plus de 55 ans plus tard, grâce à une rencontre avec les producteurs Jon Baker et Mark Jones, le groupe de septuagénaires nous livre un album de reprises intitulé Great Expectation.
Prenez des classiques du rock et de la pop des années 70 jusqu'à aujourd'hui et faites les interpréter par de vieux briscards caraïbéens à la voix cassée et vous obtenez une petite merveille. Le côté folklore jamaïcain teinté de folk blues est très présent, mais comme il s'agit de reprises de classiques du rock, il n'y a pas le côté chiant de la world du Buena Vista Social Club. Alors effectivement, je sais pas si j'aurais envie de les voir sur scène ou si j'écouterais tous les jours en boucle un album de compos personnelles, mais ce disque là fonctionne très bien.
Ils ouvrent le bal avec "The Passenger" d'Iggy Pop, suivi par un "Perfect Day" (à choisir entre cette version et celle de Susan Boyle, vous n'hésiterez pas longtemps...) de Lou Reed. Ils avancent dans le temps et nous refont le "Rehab" d'Amy Winehouse avant de repartir en arrière avec encore Iggy Pop et son "Nightclubbing". Ils passent ensuite à "Hanging On The Telephone" popularisé par Blondie. "Do it again" de Steely Dan est moins connu mais fonctionne aussi bien que leur version de "Riders on the storm" des Doors. "Golden Brown" des Stranglers s'enchaîne avec "I Fought the Law" rendu célèbre par les Clash. Leur "Ring of Fire" montre que Johnny Cash aurait pu faire du mento. Leur version de "Blue Monday" de New Order est vraiment surpernante et "You can't always get what you want" des Rolling Stones clôture l'album en beauté.
Dans la série des vieux briscards faisant un album de reprises pour faire parler d'eux et se faire un peu de fric (on ne vise personne mais on y pense très fort), ce disque est l'une des rares exceptions. De par leur âge, et leur style de musique, les Jolly Boys qui ont passé de nombreuses années à jouer dans des hôtels et n'ont qu'une demi--douzaine d’albums à leur actif, nous livrent une vraie pépite recommandée aux fans de versions alternatives des classiques du rock. Puis il vaut mieux acheter cet album pour que les papys à la voix caverneuse se fassent des sous, plutôt que ce soit Béatrice Ardisson, et ces compilations, qui ramassent les pépettes ! |