Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Jean-Louis Murat - Rouge Madame
L'Alhambra  (Paris)  mardi 23 novembre 2010

C'était les premiers frimas d'automne, et il fallait de la volonté pour quitter son canapé et aller jusqu'à l'Alhambra, du côté de République, pour voir Murat ce soir-là. Avant de rentrer dans la salle de concert, les flyers donnés à l'entrée pour vous inciter à aller assister à d'autres spectacles ne concernent pas des chanteurs ou des groupes, comme habituellement, mais un film tourné en Auvergne, preuve que Murat continue à avoir cette étiquette de chanteur du terroir qui lui colle à la peau, même lorsqu'il part enregistrer son dernier disque aux Etats-Unis avec des musiciens du cru.

En première partie Rouge Madame, composé d'une chanteuse et d'un guitariste, propose une pop douce teintée d'accents méditerranéens. Le timbre de voix granuleux de Lembe Lokk est agréable, mais le groupe manque de maturité scénique. Difficile dès lors de se faire une idée sur ces compositions qui semblent prometteuses mais peinent à atteindre les oreilles d'un public qui n’interrompt pas ses conversations.

A l'entracte, on regarde le public. On se dit qu'on prescrirait bien une cure de tranxène à la moitié d'entre eux. Hommes ou femmes, les visages sont fermés et les habits uniformément sombres. Quant à la moyenne d'âge de ce public, elle doit s'établir autour de la quarantaine. Le public de Murat reste fidèle mais ne se renouvelle pas.

Murat entre en scène. Il ressemble à son public, tout de noir vêtu, mal peigné et l'air renfrogné. Le concert commence rapidement, sans temps mort, avec "Ginette Ramade", un titre extrait de son dernier album, Le Cours Ordinaire des Choses.

La section rythmique, Fred Jiménez à la basse et Stéphane Raynaud à la batterie, est présente et bien solide. Le nom de Murat évoque la terre et l'orage, comme celui de Dominique A évoque les fortes chaleurs et le soleil de plomb de l'été en bord de mer, ou Françoiz Breut le printemps. Murat étire les introductions, la guitare grince, il y a de l'electricité dans l'air.

Entre deux chansons, Murat sussure un merci dans le micro. De belles versions rocks s'enchaînent, "Taïga", "16h Qu'est-ce que tu fais"... Les atmosphères sont tendues. L'inédit "Pauline à Cheval", extrait de la BOF de Pauline et François, est splendide. Le jeu de lumière minimaliste, dans les oranges, les bleus et les blancs crus réserve quelques beaux moments lorsque des blancs vifs derrière les musiciens les transforment en ombres chinoises.

Puis tout d'un coup, alors qu'il entame "Le Train Bleu", première chanson vraiment ancienne de son répertoire, Docteur Murat se transforme en Mister Bergheaud. Jean-Louis Murat est le nom de scène de Jean-Louis Bergheaud. C'est sous son vrai nom, Jean-Louis Bergheaud, que Murat signe ses chansons, mais Bergheaud est aussi l'âme damnée d'un Murat qu'au vu des chansons on se plaît à imaginer sensible, agréable et doux. Lorsque Jean-Louis Bergheaud s'exprime, il se montre généralement plutôt aigri quant à la carrière de Jean-Louis Murat. La haute estime qu'il a de son talent fait qu'il accepte mal d'avoir gagné plus d'argent en écrivant une chanson en cinq minutes sur un coin de table pour Indochine, qu'avec aucun de ses albums. Comme Bergheaud est un être quelque peu immature et qu'il est frustré que Murat n'ait pas de succès véritablement populaire, il le reproche à ceux qu'il a sous la main, c'est-à-dire son public.

Donc après avoir fini le premier couplet du "Train bleu", en appuyant de manière ridicule ses paroles "... le coeur peuplé d'idées noires", histoire de bien montrer que ce single qui était passé en radio ne ressemble plus à ce qu'il fait, le voici qui enchaîne les chansons sans jamais plus s'adresser au public, ni le regarder. Viennent alors des chansons comme "Yes Sir" ou "Quelle encre tire de ma bouche ces invincibles vérités". Même si la qualité musicale est toujours présente, on n'a plus l'interprète habité du début de concert, mais un type qui montre bien qu'il se fiche d'être là, sur scène. Pourtant la version de "Se mettre aux anges", juste avant le rappel, est bouleversante.

Au rappel, le voici qui revient et dit d'un air narquois "Merci, C'est gentil... On le dit bien à Clermont-Ferrand ou à Montauban, on peut le dire ici. Comme ça vous ne pourrez pas dire que j'ai pas dit bonsoir." Vient alors la réponse de certains expatriés du public, fiers d'être nés quelque part, surtout si c'est au milieu de nulle part : "Dunkerque", "La Bourboule"... Attitude étrange que cette fierté d'être né à un endroit lorsque la volonté n'a, semble-t-il, pas grand-chose à voir dans l'acte de naître.

En rappel, le public a droit aux "Voyageurs perdus" à un "Jim" guitareux et nerveux à souhait, puis à "Comme un incendie" que le public attendait avec impatience. En second rappel, après un sarcastique "J'adore Paris, vous êtes tellement formidables. Ça fait envie, on aimerait être parisien", une version puissante, presque façon Sonic Youth, de "L'examen de minuit" tiré de l'album Charles et Léo. Baudelaire with an electric guitar ? Mais on se demande quand même si le public doit prendre pour lui ces vers : "Nous avons, pour plaire à la brute/ Digne vassale des démons/ Insulté ce que nous aimons/ Et flatté ce qui nous rebute".

On peut supputer qu'en se comportant ainsi, Jean-Louis Murat cherche l'échec afin d'en tirer ce qu'on appelle un "bénéfice secondaire", par exemple celui de se donner le statut de victime et pouvoir ainsi se plaindre à qui veut l'entendre de ne pas avoir prévendu assez de billets de cette tournée pour avoir les moyens de faire venir les musiciens américains avec lesquels le dernier album avait été enregistré.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Moscou de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Les fleurs du mal - Charles et Léo de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Tristan de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Le cours ordinaire des choses de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Grand Lièvre de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Toboggan de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Babel de Jean-Louis Murat & The Delano Orchestra
La chronique de l'album Live aux [PIAS] Nites de Jean-Louis Murat & The Delano Orchestra
La chronique de l'album Morituri de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Travaux sur la N89 de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Il Francese de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Baby Love de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album La vraie vie de Buck John de Jean-Louis Murat
Jean-Louis Murat en concert aux Saulnières (28 octobre 2004)
Jean-Louis Murat en concert à La Cigale (17 novembre 2006)
Jean-Louis Murat en concert au Studio Davout (3 septembre 2009)
Jean-Louis Murat en concert au Grand Mix (vendredi 2 avril 2010)
Jean-Louis Murat en concert à la Salle Moebius du Beffroi (samedi 10 octobre 2015)
L'interview de Jean-Louis Murat (20 septembre 2011)

En savoir plus :
Le site officiel de Jean-Louis Murat
Le Myspace de Jean-Louis Murat
Le Myspace de Rouge Madame

Crédits photos : Laurent Hini (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 11 JANVIER 2025 : Y'en a MARE !

Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !

Du côté de la musique :

Nouvel épisode "Rebonds, partie 4" de la saison 2 du Morceau Caché !
"Notturno" de Eva Zavaro & Clément Lefebvre
"The human fear" de Franz Ferdinand
"Flûte et orgue à Notre Dame de Paris" de Jocelyn Daubigney & Yves Castagnet
"Intégrale de l'oeuvre pour violon et piano de Schubert" de Maria & Nathalia Milstein
"Deep in the forest" de Quatuor Akilone
"Everlasting seasons" de Vanessa Wagner
et toujours :
"Nobody loves you more" de Kim Deal
"Celestial" de Mantra
quelques découvertes avec Teenage Role Models, Pales, Lumio
"Sons 2 Ouf!! (Inedits Et Remixs 94-2024)" de Stupeflip
"Space Cowboys" de Uncut
"A defiant cure" de Alta Rossa
"Franck, Haydn, Rachmaninoff" de Ivan Yanakov

Au théâtre :

"Parlons, il est temps" au Théâtre Essaïon
"Faire semblant d'être moi" au Théâtre de la Flêche
"Différente" au Théâtre Comédie Bastille
"Le petit chaperon rouge" au Théâtre de la Huchette
"Les caprices de Marianne" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Antigone" au Studio Hébertot
et toujours :
"Robinson" au Théâtre de la Huchette
"Le Carnaval des animaux" au Théâtre Libre
"Le sens de la vie est-il un sixième sens..." au Théâtre La Manufacture des Abbesses
"Les parallèles" au Théâtre La Scala
"J'ai mal au siècle" au Théâtre de l'Epée de Bois, La Cartoucherie
"Une leçon de piano avec Chopin" au Théâtre Le Ranelagh
des reprises avec :

"Le nectar de dieux" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"La folle et inconcevable histoire des femmes" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Choisis la vie et tu vivras" au Théâtre Essaïon
"Les marchants d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala
"Touchée par le fées" au Théâtre La Scala
"Le hasard merveilleux" au Théâtre Lucernaire
"Elémentaire" au Théâtre de Belleville
"The loop" au Théâtre des Beliers Parisiens

Du côté de la lecture :

"L'avocate et le repenti" de Clarisse Serre
"Auschwitz 1945" de Alexandre Bande
"La Seconde Guerre mondiale fait son cinéma" de Benoît Rondeau
"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser

retrouvez les chroniques littérature récentes ici !

Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Bernie" de Richard Linklater

"Quiet Life" d'Alexandros Avranas
"Domas le rêveur" de Arunas Zebriunas
"Flow" de Gints Zilbalodis
"The Wall" de Philippe Van Leeuw
"Fotogenico" de Marcia Romano et Benoit Sabatier

retrouvez les chroniques films ici !

Un peu de jeux vidéo :

"Exographer" de SciFunGames
Regarder la chaîne de Froggy's Delight en direct

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=