On était plutôt dubitatifs face au dernier album d'AaRON, Birds in the storm. Ce n'était pas faute de lui donner une chance, d'accepter un nouveau style loin des ballades épurées au piano, rien n'y faisait : l'artiste avait pris un virage bien trop pop, bien trop monotone, bien trop différent. Pourtant, lorsqu'on a appris qu'il passait à Lille, on a vite acheté un billet avant que le concert soit complet, hâtif tout de même d'entendre de bons vieux morceaux tels que "U-Turn", évidemment. Il y en aurait bien quelques uns, tant pis pour les nouveautés.
En première partie, on découvre Smoking Smoking. Maëlis et Vanessa, duo féminin fort charmant, toutes deux attelées au même clavier. Un ravissement que ces deux jeunes femmes, qui nous rappellent fortement ce qu'on aime chez l'artiste qu'on est venu voir : des chants incisifs au piano, à la voix poignante pour principal guide. Les deux chantent les mêmes paroles, et chaque voix complète l'autre afin de la sublimer. En résultent des morceaux simples et pourtant touchants, un duo charmeur qui a su bien vite conquérir la salle.
On ne peut s'empêcher de remarquer avec un sourire le choix musical du changement de scène : la suite pour cordes, piano et percussions du film De battre mon cœur s'est arrêté. Volonté de la salle ou de l'artiste ? On approuve, fortement.
Arrivent les membres d'AaRON : on se surprend de voir plus de deux personnes monter sur scène, mais après tout c'est logique, il est loin le temps du minimalisme, place aux guitares et à la batterie. Le groupe commence fort en tapant dans le mille avec "Endless song", et rien qu'à ce premier morceau, on ne regrette pas d'être venu, et le reste du public non plus.
Le mélange est parfait entre classiques qu'on aime tant (le détonnant "War flag", un touchant "Mister K"…) et la découverte sous un tout autre jour du dernier album, dont certains morceaux tels que "Arm your eyes" ou encore "Passengers" deviendront de vrais coups de cœur. Les morceaux se font rythmés, entrainants, poignants, loin de la platitude qu'ils nous inspiraient sur disque. Les lumières flashent, les percussions font vibrer le sol, les guitares se démènent, et on change radicalement d'avis : ce côté rock leur va à la perfection.
On sourit à faire le parallèle avec Coldplay, entre la grosse caisse appuyée, la voix qui tire dans les aigüs et le jeu de lumières sur scène absolument parfait. Mais notre Simon n'a rien à envier au Chris Martin originel tant il a tout d'un grand.
Il nous hallucine, on est bien loin de l'image qu'on se faisait d'un pianiste renfermé à la voix plaintive. Le chanteur déploie tout son talent d'acteur sur scène, hélant le public en une interaction permanente, sautillant en une joie de vivre contagieuse, lui ordonnant de sauter, de se démener, tout ceci avec de petites notes d'humour... Le chanteur est maître de son show qu'il mène à la perfection.
Premier rappel, déjà, et on chante sur le refrain de "Little love", répétant inlassablement parmi la foule ce laïus, "don't worry, life's easy". Si efficace qu'on y croirait. Arrive enfin la chanson de Lili, si attendue. On se disait qu'on aurait pu presque s'en passer, tant le spectacle nous a comblés, mais la magie opère et la voix nous fait frissonner. Un dernier salut, une dernière photo prise sur scène, et les voilà partis.
Simon et Olivier, les deux originels du groupe, reviennent devant leur public une dernière fois, pour interpréter "Embers" à deux, rien qu'à deux, comme pour nous rappeler qu'ils n'ont pas oublié d'où ils viennent. Une chose est sûre en tout cas, ils savent où ils vont, et on les suivra sans hésiter après une telle révélation. |