Fin novembre, on me propose d'aller voir Les Rois de la Suède en concert. Jamais entendu parler mais je me dis pourquoi pas, car cela m'a l'air d'être plutôt sympathique comme projet. En ce moment j'ai envie de rire !
J'arrive vendredi soir au Café de la Danse ; dans la file je retrouve deux amis que je n'avais pas vus depuis deux ans. La soirée commence bien. En revanche nous nous sentons bien vieux tout d'un coup ; à mon avis, la moyenne d'âge ne dépasse pas les 17 ans.
La première partie démarre, il s'agit de C++. Il paraît qu'ils ont fait un tube il y a quelques années.
Guitare, clavier, batterie, le trio est mené par un bout de femme en robe verte et collants rouges, qui aime chanter sur des "thèmes trop peu abordés par la chanson française" comme le fard à paupières. Un humour décalé, très second degré et déclamé d'un air détaché sur fond de musique pop-rock.
Il y a du potentiel, je le sens, mais je n'arrive pas à accrocher. J'attends désespérément, aussi, leur fameux tube. Ce soir-là, la mémoire ne m'est pas revenue, à mes voisins non plus...
21h. Ca y est, les trois rois montent sur scène. Le public hurle, les geeks, les dreadeux, les jeunes filles en fleur, il fait bien chaud tout d'un coup.
Monsieur Poulpe introduit le spectacle par un speech sur la pauvreté, je me demande sur le coup si c'est sincère ou du second degré (j'avoue, j'ai mes côtés naïfs). Évidemment, c'était un prétexte pour lancer le premier titre.
Je découvre que Poulpe est plutôt un slameur spécialiste du chant en apnée, et Ivan (fondateur des Fatals Picards) le seul vrai chanteur du groupe.
Se rajoutent François, guitariste d'Elista, ainsi que deux batteurs venus en renfort. Sur scène, ces garçons sont en osmose.
Et là je plonge dans leur univers, je ris, les trois zigotos s'amusent, improvisent, jouent avec le public en brandissant leur appareil indicateur de beauté (puisque tous les Suédois sont beaux).
Ce n'est pas un concert, c'est un vrai show, un spectacle surprenant qui sort de ceux qu'on a l'habitude de voir. Les blagues sont parfois limites, mais on leur pardonne tout. Je ne me remets toujours pas de l'introduction de "Parniak le Cougar", sur laquelle Poulpe excelle dans l'art de faire le clown. "Il y a la ville", "Les deux doigts dans la prise", l'hommage bouleversant sur "La crasse américaine" pour Kurt Cobain, ainsi qu'un double clin d'œil au socialisme avec "Tu ne passeras pas par moi" puis "Socialisme". J'adhère totalement !
La salle est tellement survoltée, 1h30 plus tard, que l'on a même droit à non pas un, ni deux, mais trois rappels ! Ainsi qu'à une reprise explosive et surprenante d'Amel Bent sur laquelle on ne peut s'empêcher de se trémousser.
Je ressors conquise, longue vie à la royauté suédoise ! |