Spectacle écrit et interprété par Astien Bosche, Julien Pauriol et Mathurin Meslay dans une mise en scène de Julie Chaize.
Sur scène, trois personnages. Mais sont-ils véritablement des personnages puisque ces personnages portent le prénom de l'acteur qui les incarne. Mais s'agit-il véritablement d'acteurs puisqu'ils déclament en vers et récitent plus qu'ils ne jouent. Mais s'agit-il des poètes puisqu'ils prennent de grandes libertés avec les formes classiques.
Les trois membres de ce club sont plus à rapprocher du décadentisme, mouvement volontiers lyrique. Et d'ailleurs, ces moustaches sont-elle vraies ou s'agit-il de postiches?
Les moustaches sont vraies. Astien Bosche, dit "Astien le romantique désillusionné", Julien Pauriol, dit "Ed Wood, le salace inoffensif" et Mathurin Meslay, dit "Mathurin des Côtes-du-Nord, le décalé sensible" sont tous les trois issus des scènes slam. A force de se côtoyer, de s'affronter lors de tournois, voire de faire équipe, les voici qui envisagent de monter un spectacle en reprenant leurs textes de slammeurs, mais en intégrant une trame. Les voici narrateurs de leurs propres aventures, sous forme poétique, des aventures qui sont d'ailleurs essentiellement des aventures amoureuses.
La moustache est le signe distinctif des membres de ce club de poésie. Un club pas uniquement réservé aux hommes, mais aussi aux grands-mères dont les bisous piquent, à Frieda Kahlo, à la Joconde de Duchamp et à toutes celles qui arborent fièrement ce petit monticule de poils sublabial, à condition, bien entendu, de parler en rimes.
"Le Grandiloquent Moustache Poésie Club" est d'abord destiné à faire rire tout public, moustachu ou imberbe. Peu d'effets de mise en scène appuient le texte des trois compères. Mais Julie Chaize réussit à suivre le rythme du trio. Astien, Ed Wood et Mathurin déclament ensemble, l'un après l'autre, l'un complète les rimes de l'autre, voire ils se succèdent sur scène. Si parfois la poésie du trio donne l'impression de virer au mécanique, Julie Chaize, quant à elle, met en action une mécanique poétique bien huilée.
Il est à noter que la pièce se joue, au Théâtre du Rond-Point, dans la salle Roland Topor, l'auteur de "Rebrousse-poil", qui aurait sûrement apprécié ce genre d'humour souvent absurde, quelquefois salace, mais toujours original. Et même si les moustachus ne brossent pas toujours leur public imberbe dans le sens du poil, celui-ci a néanmoins tendance à ronronner durant tout le spectacle. |