Cet opus est l’enregistrement d’une authentique prestation scénique de Ben Sidran au New Morning, salle de concert parisienne mythique, principalement dédiée au jazz.
Pour commencer, ce live retranscrit bien le côté intimiste et chaleureux des lieux. Notons aussi de prime abord, que la qualité du son est d’une pureté remarquable. En même temps le registre implique un son soigné, une instrumentation maitrisée et des spectateurs avisés.
Ben Sidran qui a sorti, il y a peu, un album hommage à Bob Dylan en 2009, vient ici nous délivrer l’âme du bonhomme, avec une prestation un peu moins folk, beaucoup plus jazz que celle présentée sur la version studio. Le piano reste la trame de fond de cet album composé de 12 titres. Monsieur Sidran semble alors être au jazz ce que John Mayall est au blues : une sorte de patriarche passionné et bienveillant. Pianiste émérite, ce gars de Chicago, a beaucoup œuvré pour la musique et détient une culture musicale qu’il serait difficile de remettre en question. Son empreinte vocale est caractérisée par un timbre grave, entre le chanté et le parlé. La trompette d’Erik Truffaz sublime les morceaux.
Le résultat est propre. Alors reprenons : piano, cuivres, balais, voix suave, cocon intimiste…tout est là ! La seule ombre au tableau reste incontestablement le manque de ce petit grain de folie propre à un mec comme James Chance. Et on peut déplorer cette absence de surprises qui nous laisse légèrement frustrés à l’écoute. Seuls les titres "The Times They are Changin’" et "On the Road Again" se détachent par leur éloquence.
Bref, ce disque trouvera certainement grâce aux yeux des amateurs de jazz et des fans de l’artiste. Cependant, il ne permettra pas aux novices d’avoir une approche ludique et de se réconcilier avec un style souvent placé au rayon des musiques élitistes. J’en viens à la triste conclusion que malgré la présence d’un talent certain, ce live manque un peu de piment et de charisme pour réveiller l’enthousiasme des foules. |