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Centre Culturel Jean Houdremont  (La Courneuve)  janvier 2011

Comédie historique de Bertold Brecht, mise en scène de Pierre Hoden, avec Marc Allgeyer, Katell Borvon, Damiène Giraud, Maria Gomez, Pierre Hoden, Philippe Houriet, Jean-Luc Mathevet, Guillaume Ravoire, Jean-Pierre Rouvellat et Laure-Lucile Simon.

Pour leur 50ème spectacle, le Centre dramatique de la Courneuve a décidé de mettre en scène un œuvre complexe et de grande envergure : "La vie de Galilée" de Bertolt Brecht.

Pierre Hoden, invité pour l’occasion par le centre à la direction d’acteur et à la mise en scène, tire parti de la magnifique scène et de l’excellente troupe de comédien du centre pour nous livrer la substantifique moelle de cette pièce foisonnante qui pose la question plus que jamais d’actualité de la responsabilité de la science vis-à-vis de la société.

Car si l’action se situe au 16ème siècle en Italie, il ne faut pas oublier que Brecht écrivit "La vie de Galilée" dans le marasme de la seconde guerre mondiale, et les inquiétudes que provoquèrent l’avènement de l’ère de la science toute puissante, dépassée par sa propre progression et capable d’inventer des armes de destructions massives (telle que la bombe atomique) sans qu’aucune valeur éthique ou morale ne semble y mettre un véritable frein.

Brecht joue les redites de l’histoire et montre que bien avant Hiroshima, s’est déjà déroulé la bataille entre la raison et l’irrationalité des aspirations humaines ; entre ce que dicte le bon sens et les passions qui entrainent les hommes dans des guerres de pouvoir meurtrières. Galilée apprendra a ses dépend que les règles de la société sont au dessus des vérités physiques et mathématiques qu’il croyait pourtant universelles.

Loin du manichéisme, l’auteur comme à son habitude nous présente un personnage ambivalent : un génie créateur qui, par , dévoila un monde à l’ordre nouveau de plus en plus vaste, mais également homme vaincu qui après avoir cru en la raison, et à travers elle en l’Homme, est contraint de renier les vérités qu’il a lui-même établit et en lesquels ils croient. Brecht rend ainsi le spectateur témoin à la fois de la grande découverte de Galilée mais également de la ruse qui l’amène à vendre au Doge une invention qui ne lui appartient pas (la lunette astronomique).

Il nous le montre fermement convaincu par le modèle copernicien mais enseignant pourtant sans relâche le monde tel que l’a définit Aristote. On est loin de l’image romantique et utopiste du savant misérable et solitaire, enfermé dans son bureau avec sa lunette pointée vers les étoiles, se nourrissant de sa science et de la belle vérité. Brecht nous décrit plutôt un bon vivant qui aime ses aises et est criblé de dettes, ce qui le contraint à enseigner au lieu de se consacrer à ses recherches. Il nous décrit un ambitieux qui entend sonner les trompettes de la renommée et monte à Florence puis à Rome malgré les menaces sourdes de la puissance ecclésiastique contre laquelle on le met pourtant en garde.

C’est à la fois un héros, un homme seul qui porte en lui une révolution, et un anti-héros qui ne peut conserver intacte la force de sa conviction et se laisse briser non pas par ruse mais par lâcheté.  Avec "La vie de Galilée", Brecht s’interroge sur l’avenir de cette science qui, livrée aux mains des puissants telle une vulgaire marchandise, nie sa propre vérité et ne sert que des intérêts cupides.

Loin de sonner le glas de la vérité et de la connaissance, il nous invite à tirer les leçons du passé. Face au mensonge et à l’ignorance il convient de se battre à arme égales et non pas seul avec pour seul appui la raison, comme a pu le faire de manière un peu utopique le savant italien.

Voilà donc un vaste sujet, et une pièce très riche, difficile à appréhender simplement. Pierre Hoden a du sans nul doute faire jouer tout son savoir-faire.

Une dizaine de comédiens figurent la cinquantaine de personnages imaginés par Brecht, dans une mise en scène toute en mouvance et en tableaux imagés, à la signature graphique et sonore marquée.

S’appuyant sur la composition imposée par l’écriture de la pièce, construite en trois mouvements, le rôle titre est interprété par trois comédiens différents (Jean-Luc Mathevet, Jean-Pierre Rouvellat et Philippe Houriet) qui incarnent les multiples facettes d’un homme et composent un personnage complexe et ambivalent. On découvre tour à tour le jeune savant enthousiaste à Padoue, l’ambitieux couronné puis désavoué à Florence et enfin le combattant vaincu et parjure à Rome.

Ainsi l’homme et avec lui l’Histoire (avec un grand H) nous apparaît toujours changeant et en mouvement. La mise en scène très chorégraphiée est sans aucun temps mort, et donne parfois le tournis, créant un univers flottant, onirique et qui occupe l’intégralité de l’immense espace de la scène du Centre dramatique de la Courneuve (qui dépasse pourtant les 20 mètres de long).

Les costumes et décors sont sobres, d’un blanc et noir très épuré, ce qui est heureux au vu du foisonnement des personnages imaginés par Brecht, de la richesse du propos et de la mouvance ininterrompue des 2 heures 45 de spectacle. Même si on est happé par l’intrigue passionnante, et malgré la fluidité recherchée par Hoden, l’ensemble reste dense et le spectateur est solicité à chaque instant.

Katell Borvon, jeune comédienne diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle, et invitée pour ce spectacle à rejoindre la troupe, incarne un Andréa vif et facétieux, qui se détache des autres rôles par la qualité du jeu. La prestation des trois Galilée est également remarquable. Jacques Rouveyrollis, à la lumière, nous propose un travail subtil, qui met en valeur l’action avec une grande justesse et crée une signature particulière.

Laurent Truquet, à la conception sonore, et Loïc Loeiz Hamon, à la conception graphique, finissent d’apporter la touche finale qui donne son unité au spectacle.

Il est à noter qu’en parallèle de ce spectacle se joue une autre pièce, "Variations Galilée", montée en collaboration avec l’astrophysicien Denis Puy, et destinée à sensibiliser le jeune public aux travaux du savant italien.

 

Cécile Beyssac         
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