Comédie de Marivaux, mise en scène de Jean-Louis Martin-Barbaz, avec Rachel André, Caroline Beaune, Olivier Berhault, Benoît Dallongeville, Elisabeth de Ereño, Guarani Feitosa-Neves, Valentine Galey, Yveline Hamon et Cécile Jeanneret-Amour.
Dans le cadre de des Jeux de scène des Hauts-de-Seine, le Studio-Théâtre d'Asnières présente ses "Regards sur Marivaux" avec deux spectacles maisons proposés par les metteurs en scène-professeurs et élèves de l'Ecole Studio.
A côté de "L'île des esclaves" mis en scène par Chantal Deruaz, Jean-Louis Martin-Barbaz a également choisi de monter, avec "Les acteurs de bonne foi", une pièce qui ne s'insère pas dans la thématique de prédilection du grand oeuvre de Marivaux qu'est l'amour.
En effet, celle-ci, pièce parmi les dernières écrites, et pièce à double détente, sous couvert d'une comédie de moeurs qui tend à la satire sociale notamment sur l'opposition culturelle Paris-province et les conventions sociales autour de l'institution du mariage, traite de l'utilité et du rôle du théâtre dans un contexte conjoncturel précis, celui de la controverse qui, du temps de Marivaux, opposa Rousseau à d’Alembert.
De structure imbricative relativement complexe que Jean-Louis Martin-Barbaz gère efficacement, elle commence joyeusement par la répétition intrascénique d'un impromptu que la parisienne et facétieuse Madame Amelin (Caroline Beaune) commande à son valet (Guarani Feitosa-Neves) un badinage léger qu'il jouera avec la domesticité (Benoît Dallongeville, Elisabeth de Ereño et Valentine Galey), à l'occasion du mariage de son neveu (Olivier Berhault) avec la fille de bonne famille de province (Cécile Jeanneret-Amour) pour se gausser de la mère de cette dernière, une femme dotée d'un esprit étroit qui n'apprécie guère ce genre de divertissement.
L'arrivée de cette dernière, dotée d'un solide bon sens et qui ne mâche pas ses mots, campée magistralement par Yveline Hamon, opère un virage de l'illusion théâtrale vers le théâtre de la vie avec le bras de fer qu'elle entame avec sa délicieuse et rouée adversaire à laquelle Caroline Beaune donne le visage aussi lisse qu'énigmatique d'une figure de Watteau.
Dans un décor très stylisé de Antoine Milian, deux arbres et deux bancs blancs, les personnages en costumes champêtres à la mode du 18ème siècle sont emportés dans un maelstrom
cruel. Car le masque social abattu révèle vrai visage.
Jean-Louis Martin-Barbaz signe une belle direction d'acteur avec, notamment, de jeunes comédiens prometteurs et un spectacle bienvenu et intelligemment divertissant. |