Réalisé
par Fredrik Edfeldt. Suède. Drame social.
Durée : 1h32. (Sortie 26 janvier 2011). Avec Blanca Engström, Shanti Roney, Annika Hallin, Calle Lindqvist et Tova Magnusson-Norling.
Depuis le départ d’Ingmar Bergman, on n’a pas eu beaucoup de nouvelles de la Suède cinématographique.
Si l’on excepte les films hors normes de Roy Andersson et les adaptations de la trilogie "Millenium", ou celles des romans policiers de Hennig Mankell, le cinéma suédois est désormais à la traîne du monde scandinave. Pas d’émules du Dogma danois, pas d’élèves éthyliques des frères Kaurismaki.
Il faut donc jeter un œil à la fois intéressé et indulgent sur le premier film de Fredrik Edfeldt qui réveille un cinéma endormi et décrit un pays bien loin du mythique "modèle suédois".
À la Suède urbaine, socialisée, policée, Edfeldt préfère une Suède rurale, déjantée, plus forcément en bonne santé économique. Si l’on osait, on dirait que si on voyait le film sous un autre titre, on pourrait croire qu’il se déroule dans un pays slave modérément développé, une sorte de Pologne des années 90.
Ici les mouches vrombissent dans une campagne assez malpropre. Ici les gens sont portés sur la bouteille et les enfants ont des physiques ingrats. Ici, une petite fille, abandonnée de ses parents partis faire de l’humanitaire en Afrique et de sa tante partie vivre sa vie, peut rester seule sans croiser un pédophile ni mourir de faim. Elle peut découvrir la solitude avec un petit "s" et une floraison de petites sensations qui vont la mener dans le hors champ de l’après film vers l’apprentissage des premières émotions sensuelles.
"Un été suédois", c’est d’abord une étonnante petite fille de dix ans, Blanca Engstrôm, ni belle ni laide, ni ingénue ni mâture. Quelqu’un de bien posé dans un film qu’elle porte entièrement. Est-elle éveillée ou est-elle engluée dans un mauvais rêve ?
Au bout de cet été suédois, bourré de mouches et d’ennui, tout rentrera dans l’ordre. Mais y a-t-il encore un ordre dans ce pays oùl’on n’arrive peut-être déjà plus ?
Fredrik Edfeldt sait montrer une enfance ni gaie ni triste, une enfance qui se poursuit vaille que vaille. Chantre d’une nature banale et d’une humanité ordinaire, il flirte avec une cosmogonie fantastique qui fait penser parfois à Gombrowicz.
Décidément, il y a quelque chose de Polonais chez ce Suédois qui ne devrait pas se contenter d’une seule saison... |