Coraline. La pochette m’a direct fait penser à elle. Coraline, c’est l’histoire d’une petite fille qui franchit la porte en haut de l’escalier, derrière laquelle vit une famille identique à la sienne mais… ils ont tous des boutons à la place des yeux. Ça, c’est la pochette. Une petite fille sagement assise sur un caillou à attendre je ne sais pas quoi. Avec des yeux en forme de bouton de veston, ceux avec quatre trous, ça tient mieux.
C’est l’album de Melissmell, Ecoute s’il pleut. Message naïf, comme un appel au retour aux sources ? Ecoute donc comment la pluie fait ploc ploc sur tes carreaux et ton cœur boum boum dans ta poitrine ?
Premier titre : "Aux armes", "allons enfants de la patrie, le jour de gloire est terminé". Il commence tout doucement, avec une petite voix douce, féminine, pour monter lentement (mais sûrement), au fil des dénonciations ("la fraternité se meurt"), des revendications ("nous sommes tous étrangers"), et la voix se déchire, se casse, se brise, comme un sanglot long des violons qui pleurent la fin de l’été.
Deuxième titre : "Je me souviens", débute avec une plainte violonique (violonesque ? violonante ?), et cette voix, obsédante, qui se fait attendre, qui charme, enchante, trouble, tantôt caresse, tantôt brutale.
Je ne vais pas tout passer comme ça, mais Melissmell porte avec beaucoup de poésie la parole des générations blasées, épuisées, lassées d’aimer dans le vide, de voir ses rêves brisés, d’en refaire, de pleurer en silence, de renoncer, de se perdre. Et le talent, c’est aussi de porter à la fois des tonnes d’espoir (forcément fou et démesuré), tant que le cœur bat, ça avance, les chaînes ne sont-elles pas faites pour êtres brisées ("Sobre la Muerte") ? Les corps pour se réchauffer ("Viens") ? Les amis pour leurs épaules ("Des nouvelles par les ondes") ? Le temps pour être pris ("Le mouton") ?
A grand coup de mélodies bien senties, qui viennent trottiner au bout de la langue. Parce qu’au fond, derrière les masques, nous sommes encore tous encore un peu des enfants, avec des croque-mitaines sous le lit, et des rêves plein la tête. Et si vous n’êtes pas d’accord avec moi, c’est que vous êtes un vieux con (ou une vieille conne), pour les autres… hum… On va voir les vaches ?
La poésie d’un dessin au crayon et de cheveux au vent, avec le verbe de la révolte. Superbe. |