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puce Des Mickeys à Tel Aviv
Rutu Modan - Galit et Gilad Seliktar - Etgar Keret & Asaf Hanuka  janvier 2011

Israël…Honnêtement les premières images qui me viennent à l’esprit, quand je pense à ce petit pays du Moyen-Orient, sont extrêmement violentes et tristes : incalculables attentats, faits de guerre difficilement justifiables, une lutte qui ne semble plus finir avec des peuples frères. Malgré un tableau irrésistiblement sombre, j’avoue que j’entretiens une certaine fascination pour ce pays. Et ce pour de nombreuses raisons qui confinent à l’énigme. C’est peut-être parce qu'Israël s’est construit sur un rêve, au lendemain d’une période apocalyptique, comme un ultime souffle de vie. Puis aussi, quoi qu’on en dise, cela reste une enclave démocratique dans une région où cette dernière n’est pas vraiment des plus respectées. Soit, mais je suis bien également contrainte de constater au quotidien que nous ne sommes pas dans le monde des bisounours, les gentils n’existent pas et les victimes apprennent très bien leur rôle de bourreau quand le vent tourne et le vent souffle également dans cette région du monde.

A cette complexité avec laquelle j’ai du mal à négocier, je réponds que la vraie richesse du pays est sa population et sa diversité culturelle. Des juifs originaires des pays européens, slaves, d’Afrique du Nord, arabes, se côtoient au quotidien et côtoient des musulmans, des chrétiens et j’en passe, forcément c’est le bordel et les foutoirs de la sorte sont souvent une intarissable source d’inspiration.

En matière de création artistique, seuls littérature et cinéma semblent trouver un public dans notre pays. Pourtant, à ma grande surprise, j’ai découvert que les israéliens aimaient aussi faire des petits Mickeys et quels Mickeys ! Depuis quelques années, les œuvres des auteurs israéliens son traduites et éditées en France. Je ne souhaite pas faire une présentation de tout ce qu’on peut trouver chez nos gentils libraires mais seulement de trois d’entre elles qui m’ont particulièrement captivées : Exit Wounds, Ferme 54 et Pizzeria Kamikaze.

Exit Wounds Rutu Modan (Actes Sud, novembre 2007)

Exit Wounds est la première BD, enfin pour être plus précis et pour les puristes, la première nouvelle graphique de Rutu Modan. En quelques mots, Nomi jeune appelée du contingent fait la rencontre de Kobi un chauffeur de taxi dont le père serait la victime non identifiée d’un attentat. Un père d’ailleurs dont il n’avait plus de nouvelles depuis un certain temps. Les deux jeunes gens se lancent sur les routes du pays à la recherche d’un homme, d’un corps calciné, un fantôme. On apprend au cours de leur pérégrination que l’homme qui est un père pour l’un est aussi un amant pour l’autre. Malgré ces relations un peu complexes, il semble que plus les liens entre les deux protagonistes se resserrent, plus le monde autour d’eux se délite et se perd dans une violence quotidienne confinant à l’absurde.

Exit Wounds nous met face au constat qu’une histoire de famille et d’amour prend un autre goût dans ce pays. La guerre en toile de fond semble pourtant rythmer le pouls d’une course à la vie. Tout cela porté par une ligne claire et des couleurs douces, le contraste est d’autant plus déstabilisant. A lire les jours où le moral est imperturbable…

Ferme 54 Galit et Gilad Seliktar (Ça et Là Editions, avril 2008)

Ferme 54 est un récit autobiographique d’une jeune femme née à la fin des années 1970. De la même manière, les souvenirs auxquels nous pouvons facilement nous identifier : relations houleuses avec nos frères et sœurs, nos peurs d’enfants, nos premières amours, nos premières rébellions adolescentes… sonnent tout de même drôles en Israël.

Les trois nouvelles de cet ouvrage sont portées par une ligne élégante, le noir et blanc laisse parfois place à des incursions pourpres qui ne gâchent rien aux plaisirs de nos mirettes.

Pizzeria Kamikaze Etgar Keret et Asaf Hanuka (Actes Sud, février 2008)

Tout d’abord, de ces trois BD, Pizzeria Kamikaze est celle dont l’esthétique m’a le moins marquée. Le dessin est très proche du comics américain, hyper réaliste heureusement ils nous ont épargné la couleur, j’avoue que ce n’est pas trop ma tasse de thé. Cela étant dit, ça ne m’a pas empêché d’avoir le derrière scié en deux à la lecture des premières pages, ce qui m’a obligée et vous le comprenez, bien à rester assise jusqu’à la fin.

Pizzeria Kamikaze est le récit d’un jeune type qui vient d’être embauché comme pizzaïolo dans une banlieue d’une ville qui pourrait être Tel Aviv, rien de très excitant si ce n’est qu’il vient fraîchement de se suicider. Ainsi nous voila plongés dans un purgatoire qui ne dit pas son nom peuplé de suicidés. L’ambiance est d’autant plus étrange que chacun est physiquement identique à ce qu’ils étaient en quittant notre monde. Personne ne sursautera donc en croisant un type avec un impact de balles sur la tempe, seules les juliettes sortent leur épingle du jeu, intactes si ce n’est les cernes du sommeil dans lequel les cocktails explosifs de médocs les ont plongées. Vous avez compris les auteurs nous plantent un décor peu banal, et c’est dans ce monde que notre jeune protagoniste va rechercher la fille qu’il a aimée dont il apprend la mort par un comparse, un suicide bien évidemment… Rien de très politique dans tout ça, la guerre n’apparaît jamais si ce n’est cette funeste rencontre avec un kamikaze palestinien. Troublant.

Malgré un dénouement un peu décevant, on prend un réel plaisir à se faire promener dans une histoire finalement rythmée par des sursauts de vie.

 

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