Comédie dramatique de Simon Stephens, mise en scène Lukas Hemleb, avec Caroline Chaniolleau, Gérard Desarthe, Marina Foïs, Alice de Lencquesaing, Louis Do de Lencquesaing et Pierre Moure.
Lukas Hemleb, formé à Schaubühne am Lehniner Platz à Berlin, met en scène "Harper Reagan" une comédie dramatique écrite par le dramaturge britannique Simon Stephens, dramaturge d'obédience théâtre "In yer face theatre" dans sa fraction plutôt tempérée qui, en l'espèce, signe un opus inscrit dans la tradition pintérienne.
Mais Stephens n'est pas Pinter et cette comédie dramatique, à l'écriture "à l'anglaise", calquée sur les échanges ordinaires de la vie quotidienne, minimalisme avec économie de mots et interjections et locutions invasives caractéristiques du dialogue anglo-saxon, ne va pas au-delà de la banale peinture de l'incommunicabilité et de la narration d'une pseudo-dérive d'un personnage midlle-classe.
En conséquence, sauf à y déceler des pépites infratextuelles, la partition, davantage scénaristique que théâtrale, ressemble à une auberge espagnole : les acteurs n'ont pas tant à jouer qu'à être.
Harper Reagan, à l'âge qui se veut souvent générateur de la crise de la quarantaine, n'aime pas son travail, un travail purement alimentaire de surcroît chronophage, n'aime pas son employeur, profiteur et concupiscent, n'aime pas vraiment sa fille, une adolescente vaguement gothic-chic mais élève surdouée qui est une énigme pour elle, n'aime plus vraiment son mari, condamné pour pédophilie "photograhique", déteste bien sa mère mais adore son père.
La mort de ce dernier constitue une sorte de détonateur qui la sort, le temps d'une parenthèse de 48 heures, d'une vie dont elle semble être spectatrice, qui file devant elle sans qu'elle intervienne, par immobilisme, résignation ou indifférence.
La mise en scène de Lukas Hemleb dictée par la structure de la pièce, composée de scènes-flash, est essentiellement cinétique avec de nombreux "noirs", dus à la manipulation de l'esthétisant décor de métal et de verre de Csaba Antal, une encombrante et visiblement malcommode boite sur tournette, qui en perturbent notablement la fluidité.
Sur scène, Gérard Desarthe, dans trois superbes compositions et Caroline Chianolleau, remarquable dans le rôle de la mère tragique. Louis Do de Lencquesaing et sa fille Alice de Lencquesaing campent avec un naturel nonchalant le père et la fille. Pierre Moure, jeune promu du CNSAD, fait quelques apparitions.
Par son physique, sa présence presque immanente, son non-jeu, Marina Foïs, parfaitement distribuée dans le rôle titre, parvient à donner substance et crédibilité à ce portrait de femme évanescente. |