Comédie de Molière, mise en scène de Daniel Leduc, avec Sophie Accaoui, Jean-Loup Bourel, Johanna Boyé, Lou Chauvain, Alice Debarge, Andriy Demchak, Nicolas Djermag, David Ferrara, Jérémie Graine, Mathieu Lagarrigue, Raphaël Landais, Sandra Mercky, Vanessa Oustri, Léo Reynaud, Stéphane-Paul Serrat, Irina Stopina et Jean-Luc Voyeux.

"Le Bourgeois gentilhomme", comédie de moeurs à la fois très connotée par la parodie des fastes de la cour et le goût des turqueries, déjà sociale en ce qu'elle montre l'émergence de la classe dite bourgeoise qui veut gommer ses origines plébéiennes, et intemporelle par sa satire du paraître et de la vacuité des figures "médiatiques", constitue une des pièces emblématiques de Molière souvent représentée.

Il ne manque pas un ruban ni une mouche à ce "Bourgeois gentilhomme" délivrée dans son "jus" à destination privilégiée du jeune public, que d'aucuns péjorativisent à l'envi sous le qualificatif de "matinées classiques", par la Compagnie Ecla Théâtre et qui correspond à la vocation qu'elle s'est donnée de sensibiliser un large public, familial et scolaire, aux textes du répertoire classique.

Souvent cantonnée à la comédie de moeurs en omettant sa forme originale de comédie-ballet, comportant donc de nombreux intermèdes et écrite en premier lieu pour le divertissement du roi, elle est, en l'espèce, présentée non recontextualisée en costumes et en musique.

Des costumes aux délicates teintes majoritairement pastels qui évoquent les tonalités picturales plus du 18ème siècle que du 17ème et dont certains ne sont pas exempts d'une heureuse touche de fantaisie confectionnés par Sophie Taïs, assortis de perruques époustouflantes et à cet égard le costume de réception du bourgeois est un petit bijou mousseux de blanc, gris et rose le faisant ressembler à un bichon apprêté pour un concours de beauté cynopédique.

Dans un décor rococo de la plus belle eau avec faux ciel, angelots et cadres dorés, de Gérald Ascargorta et en musique sous la direction musicale de Stéphane Baroux et chorégraphique de Daniel Thuann, la mise en scène de Daniel Leduc, classique et efficace qui met l'accent sur le comique de situation, mise sur un rythme alerte et soutenu, mais sans précipitation ni frénésie, qui permet à la fois d'entendre le texte dit par des comédiens aguerris avec un phrasé contemporain et de se divertir avec un spectacle bien exécuté dans lequel rien n'est laissé au hasard.

Toute la troupe participe à la réussite de ce spectacle de belle facture qui, dans ce registre, divertissant pour tous, qui constitue une approche didactique du répertoire classique pour le jeune public.

S'agissant des figures principales, entouré de Johanna Boyé, accorte, jeune et jolie soubrette qui évite l'iconographie de la replète et patoisante servante, de Lou Chauvain et Nicolas Djermag, bien distribués en jeunes amants, David Ferrara, valet de bon aloi, Stéphane-Paul Serrat et Irina Stopina très justes en Cléonte pommadé, emperruqué et dentellisé à souhait et Dorimène la grâcieuse coquette ressemblant tous deux à des sujets de porcelaine, et d'une épatante Madame Jourdain, femme de bon sens intemporelle interprétée par Sophie Accaoui, avec un jeu assuré et mesuré, Jean-Loup Bourel mène la danse sans verser dans la caricature ni dans la démesure tout assurant amplement les incontournables traits comiques du personnage.