Tout a commencé il y a environ 7 ans.
Je découvrais "There's no reason to cry out your eyes", ballade pop qui m'a fait un drôle d'effet à l'époque. Jolie chanson qui n'a d'ailleurs jamais quitté mon i-pod.
Depuis, je ne suis jamais allée plus loin dans la découverte de l'artiste, en dehors de quelques titres passés à la radio. N'empêche, j'avais décidé que ce type écrivait bien, avait de jolies mélodies et en plus il avait une belle gueule.
Les années passent, j'apprends entre temps qu'Olivia Ruiz a même fait sa première partie sur quelques dates.
Quand il y a quelques semaines, on me propose d'aller le voir au Café de la Danse, je saute sur l'occasion. Il parait que ce canadien (de l'Ontario) est une bête de scène, alors je ne peux pas passer à côté.
Quelques jours avant, je suis quand-même allée faire un tour sur son Myspace et son site, histoire de me remettre un peu à la page. J'ai cru un moment m'être trompée d'artiste (il y aurait deux Hawksley ?!?) mais non c'est bien lui. Mais sa musique semble bien plus pop rock qu'à l'époque, moins intimiste. Après une dizaine d'albums depuis 1998 (il a sorti un album presque tous les ans), serait-il en panne d'inspiration ?
Le 8 février, il est 21h au Café de la Danse à Paris, j'arrive juste quand il commence. Et là, quelle surprise ! Hawksley est seul, pas un seul musicien à l'horizon. J'attends quelques titres en m'attendant à voir les autres débarquer, personne ne viendra, Hawksley joue bien seul ce soir.
Physiquement, je ne l'ai pas tout de suite reconnu. Il faut dire qu'il a fait une dépression qui l'a bien changé. Ce n'est plus le beau brun sur qui j'avais fantasmé, mais un petit gros au crâne rasé, chapeau sur la tête et sourire avenant. Musicalement, j'avoue m'être ennuyée. Ses chansons sont jolies, les histoires sympathiques, mais je n'arrive pas à m'emballer. Peut-être est-ce dû à la configuration scénique, au fait qu'il soit seul avec sa guitare ?
En revanche, ce soir là, j'ai assisté à quelque chose de rare. En plus d'une véritable performance vocale, Hawksley Workman est d'une simplicité et d'une générosité peu communes. Non seulement il a acquis un vrai public en France, qui connait ses chansons par cœur, mais il partage tout avec lui, ses impressions, ses émotions, ses joies, ses coups de blues.
Hawksley intègre tout ce qu'il ressent dans sa manière de jouer : les "tululut" des textos d'un spectateur impoli (il en rit et annonce qu'il va songer à écrire une chanson qui sera entrecoupée des sons de SMS), ses erreurs dans les paroles ou sa musique qui l'obligent à recommencer le titre depuis le début, les gens qui tapent dans leur mains... Sur plusieurs titres, toute la salle chante avec lui dans un murmure d'une beauté fascinante.
J'en suis réellement touchée, il est visiblement ému lui aussi, même s'il tente de le cacher derrière des sourires amusés ; j'ai rarement assisté à une fusion aussi intense entre un artiste et son public.
En définitive, même si je peux affirmer qu'Hawksley n'est plus ce qu'il a été, que sa musique ne me transcende plus, il reste un artiste à part, capable de faire vibrer ceux qui lui sont fidèles pour ne pas les décevoir, et de fasciner ceux qui voulaient s'en éloigner. |