L’interview-feuilleton
autour de la pièce "On n’avait pas dit 9 heures
?" de Christophe Rouzaud actuellement à l’affiche
au Théâtre du Splendid nous permet de rencontrer Xavier
Letourneur, un grand monsieur du théâtre, convivial
et plein d’humour, dont le visage ne vous est sans doute pas
inconnu, et qui reconnaît qu’on lui confie souvent,
comme en la circonstance, les rôles de gros cons de comédie.
Mais ne vous y fiez pas ! Il est intelligent le bougre et il préside
aussi aux destinées du très atypique Théâtre
le Mélo d’Amélie véritable pépinière
de jeunes talents dont il nous parle également.
Vous avez une carte de visite impressionnante:
acteur, auteur, metteur en scène, cinéma, télévision,
théâtre, au point où il y a souvent des "entre
autres" ou des points de suspension et les journalistes qui
disent : "On ne vous présente plus". Et bien si,
présentez-vous quand même .
Xavier Letourneur : Mais oui…parce que je
suis un peu connu dans le milieu théâtral mais les
gens reconnaissent la tête mais ne connaissent pas le nom,
ils connaissent le nom et si vous êtes à côté
ils ne vous reconnaissent pas. J'ai fait pas mal de café-théâtre
dans les années 80 et à partir des années 90
je fais beaucoup de théâtre, beaucoup de comédies.
A mes débuts je faisais des pièces moins drôles
mais c'était plus difficile parce que quand il n'y a pas
de vedettes le public ne vient pas toujours. Comme nous n'étions
pas subventionnés, nous ne pouvions pas tenir, nous étions
obligés de marcher avec la recette. J'ai fait 3-4 pièces
dramatiques très bien reçues par la critique mais
le public n'était pas au rendez-vous. Nous nous sommes dirigés
vers la comédie, ce qui n'est pas vraiment un choix artistique.
Si j'avais des propositions de pièces dramatiques ce serait
avec plaisir que je le ferai.
Dès que je suis sorti du cours Simon avec
mon camarade Claude-Michel Rom, qui est devenu réalisateur
à la télévision, nous avons monté une
pièce. Beaucoup des copains sont encore dans le métier
: Dominique Pinon, Chevallier et Laspallès, Christophe Rouzaud,
Bernard Campan, Philippe Harel…Nous avons commencé
par une pièce dramatique et ensuite j'ai enchaîné
spectacle sur spectacle. Quand j'étais jeune j'ai été
très marqué par le Spendid, Le Café de la Gare.
J'allais au Vrai chic parisien, chez la veuve Pichard, à
la Comédie Française, voir les grandes comédies
des années 70, des choses très éclectiques.
Je disais aux copains comme nous n'avons pas des
physiques de jeunes premiers faisons ce que fait le Splendid. Nous
avons écrit notre spectacle et nous avons commencé
au Café d'Edgar, aux Blancs Manteaux. Beaucoup ont fait l'émission
de Philippe Bouvard qui constituait une source de débouchés.
Le petit théâtre de Bouvard donnait
de l'audience?
Xavier Letourneur : Oui. J'y suis allé au
début. Avec un camarade j'avais ouvert le Sentier des Halles
à Paris parce que j'avais toujours eu envie d'ouvrir un lieu.
Et puis j'ai fait les 3-4 dernières années. J'ai fait
connaissance de gens qui venaient de tous les horizons.
Donc la grande aventure de l'écriture intensive
pour le jour même?
Xavier Letourneur : Tout se passait très
vite. L'écriture, la répétition de ses propres
textes ou des sketches des autres. On passait devant Bouvard qui
faisait le choix et donnait ses indications sur les textes. Il y
avait des jours où il était plus souple que d'autres.
Mais il avait un bon œil. Il a 2 qualités : il aime
beaucoup rire, il est très client et il aime bien les acteurs,
même s'il se fâche parfois. C'était dur au niveau
du rythme mais c'est en même temps un grand souvenir. On s'est
bien amusé ! Et je crois qu'il en est ainsi pour beaucoup
de comédiens qui sont passés chez lui.
Avec le recul, il y a eu un impact en terme de
carrière?
Xavier Letourneur : Pour les castings non car comme
toute chose nouvelle au niveau de l'intelligentsia c'était
mal perçu. Parce que dans ce métier il y a beaucoup
de gens pour vous dire ce qu'il ne faut pas faire. On ne vous dit
pas ce qu'il faut faire en revanche. Quand on arrive dans ce métier
et qu'on écoute les gens il ne faudrait rien faire, pas de
pub, pas de latéralité… Mais c'est le choix
de chacun. Cela nous a permis de faire des rencontres importantes,
d'avoir une dynamique d'écriture et pour certains de se faire
connaître. Surtout pour ceux qui ont fait les premières
années 82-85 comme les Inconnus, Muriel Robin, Mimie Mathy,
Michèle Bernier. Après moins mais cela a néanmoins
marqué les gens. Cela nous a aidé quand nous montions
des spectacles mais cela s'estompe avec le temps.
Les rencontres sont également importantes
Xavier Letourneur : Oui. J'y ai rencontré
Didier Caron qui débutait et que j'ai ensuite mis en scène
dans "Les babas-cadres" de Christian Dob. Il a travaillé
aussi au Mélo d'Amélie.
Vous êtes acteur, puis chronologiquement
auteur, metteur en scène. S'agit-il d'une évolution
logique?
Xavier Letourneur : J'ai très vite écrit
en raison des circonstances. J'ai arrêté quand j'ai
trouvé des gens qui écrivaient beaucoup mieux que
moi comme Christian Dob, Eric Assous, Didier Caron. Je fais toujours
de la mise en scène de manière régulière,
1 ou 2 par an, depuis 1982. J'aime beaucoup la mise en scène
mais je ne tiens pas à en faire trop. Par ailleurs je ne
suis pas un metteur en scène qui a envie de donner sa vision
du Misanthrope. Je n'ai pas cette ambition, et je ne suis pas sûr
d'en avoir le talent. Je suis un metteur en scène intéressé
par les textes contemporains qui n'ont pas encore été
montés et je les mets en scène dans l'esprit de l'auteur.
C'est de la création.
Vous ne vous sentez pas investi d'une mission?
Xavier Letourneur : Non. Je pourrais être
réalisateur car cela change à chaque fois. Ça
m'amuserait d'ailleurs si j'en avais l'occasion. Pour les textes
des grands auteurs, peut être en aurais-je envie un jour.
Je ne suis peut être pas suffisamment littéraire. Je
suis plus instinctif.
Vous êtes également le directeur
artistique du Mélo d'Amélie qui est votre lieu conformément
à votre désir initial.
Xavier Letourneur : Oui. Nous avons eu le Sentier
des Halles, nous avons ensuite loué La comédie italienne
dans les années 80. Ensuite j'ai connu Christian Dob qui
venait de Montpellier. Nous avons monté plusieurs spectacles
ensemble à Paris et à Montpellier. En 1993, il a vendu
Montpellier et en 1994 nous avons repris le Marie Stuart qui est
devenu le Mélo d'Amélie. Il est ensuite reparti à
Montpellier où il a créé le grand Mélo
qui est un théâtre de 280 places à 10 minutes
de Montpellier avec une scène de 11 mètres sur 9,
un bar, au pied des vignes et dans lequel il remonte ses pièces.
Nous avons repris le Mélo d'Amélie et nous gardons
l'esprit du lieu.
Nous sommes un des très rares théâtres
qui ne prennent pas de minimum garanti et donc il n'y a jamais de
location de salles. On prend le risque. On s'est fait une réputation
de risques et de travail. Il y a des spectacles qui marchent très
bien et d'autres moins avec la volonté de les emmener ailleurs.
Le premier c'était "Une nuit" de Sacha Guitry qui
a fini au Théâtre Marigny, puis il y a eu "Les
célibataires", "Le conseil très municipal"
et maintenant "J'aime beaucoup ce que vous faites" qui
va aller au Café de la Gare. Nous avons aussi monté
des spectacles en coproduction directement dans d'autres lieux comme
"Un monde merveilleux" de Didier Caron au Splendid, "Les
acteurs sont fatigués" d'Eric Assous à la comédie
Caumartin.
Actuellement, le Mélo d'Amélie bouge
beaucoup
Xavier Letourneur : Oui, il y a une mouvance il
y a énormément de comédiens dont certains ont
joué plusieurs pièces. Il y a eu aussi des équipes
qui sont venues comme Sebastien Castro avec "Le vison voyageur"
qui ont fait" La mère juive" aussi. On a toutes
les générations des 40-50 ans et puis des jeunes qui
ont 20 ans ce qui entraîne un grand brassage.
Et financièrement?
Xavier Letourneur : Le Mélo d'Amélie
ne gagne pas d'argent mais il arrive à payer les gens. Les
fondateurs vivent surtout de ce qu'ils font ailleurs. Moi en tant
qu'acteur et quand je fais une mise en scène. Nous essayons
d'avoir toujours du personnel présent pour recevoir le public.
Quels sont vos critères de choix en matière
de programmation ?
Xavier Letourneur : Il y ceux que nous montons
nous-mêmes. Nous lisons les pièces que l'on reçoit.
Je fais beaucoup lire ma femme Muriel Lemaire qui est également
comédienne et qui est plus littéraire que moi et qui
a un jugement très sûr. Elle fait un tri et nous choisissons
ce qui peut être joué au Mélo. J'en parle ensuite
à Michel Rougemon pour que nous soyons d'accord. Car il faut
que nous soyons tous d'accord. Parfois nous visionnons des cassettes
de spectacles qui ont été joués ailleurs. Et
cela peut également être consécutif à
une lecture comme pour L'opposé du contraire. Il n'y a pas
de règles. Ou il faut une lecture et les comédiens
je les connais un peu et je pense que cela va être bon ou
si nous ne connaissons pas les gens il faut la voir. Car même
un bon texte peut être mal monté.
Y a-t-il une troupe au Mélo d'Amélie?
Xavier Letourneur : Il y a une petite bande mais
la mouvance reste très importante. Il y a une quarantaine
de personnes. Ensuite les anciens, comme Didier Caron ou Olivier
Marchal, ne reviennent pas forcément jouer au Mélo.
Ils suivent le Mélo mais ne reviendront sans doute pas y
jouer. En général, ce sont surtout des jeunes qui
y jouent. Pour les acteurs de 35-40 ans, il faut qu'ils aient un
trou pour pouvoir venir jouer ici. Mais par exemple on ne programme
jamais de one man show. On laisse ça aux autres. On ne fait
que des pièces et parfois de sketches à condition
qu'ils soient sur un thème comme "Allo Maman Dolto"
ou "Les célibataires" ou des sketches de situation
un peu comme ce que faisaient les Inconnus avec une histoire dans
laquelle ils jouaient. On en a fait 4 ou 5 car il y en a qui marche
vraiment.
Revenons un peu à la pièce "On
avait pas dit 9 heures ?". Comment êtes-vous venu à
jouer cette pièce?
Xavier Letourneur : Je connais Christophe Rouzaud
depuis le cours Simon et nous avions déjà écrit
ensemble. Il m'a proposé le rôle et nous avons fait
la lecture. Ça a marché et comme je dois partir en
tournée avec la pièce Daddy Blues avec Martin Lamotte
en octobre je lui ai donné mon accord pour jouer les mois
d'été. Et puis comme il me connaît bien il m'a
proposé un rôle qui est bien pour moi.
Justement, parlez-nous un peu de ce rôle
et des raisons pour lesquelles il est bien pour vous.
Xavier Letourneur : C'est le genre de personnage
que l'on me confie de temps en temps. Un personnage drôle
mais un peu odieux. On me confie souvent les gros cons de comédie
! C'est d'ailleurs très rigolo de jouer ce rôle. Ici
il n'est pas plus con que ça. C'est une grande gueule qui
trompe sa femme. Ce qui est intéressant c'est que les gros
cons sont en général assez sympathiques alors que
celui là ne l'est pas particulièrement. A certaines
répliques les gens font oohhhhh! Ce n'est pas un gros con
attachant donc artistiquement ça me plaisait bien.
Donc vous êtes de l'aventure jusqu'en septembre.
Xavier Letourneur : Oui. J'espère que la
pièce continuera après mais je ne pourrais plus faire
partie de l'aventure. Mais je l'aurais joué quand même
un bon moment. Et puis j'y ai rencontré des gens formidables
que je ne connaissais pas comme Nathalie Krebs et Charles Ardillon.
Vous êtes également metteur en scène.
Comme Christophe Rouzaud, l'auteur, faisait sa première mise
en scène, n'avez-vous pas été tenté
de l'épauler?
Xavier Letourneur : Rien du tout. Je suis parfois
juste intervenu quand il s'agissait de mon personnage. Mais quand
je suis comédien, je ne m'immisce pas dans la mise en scène.
Je laisse faire. Je fais mon métier d'acteur. Je ne confonds
pas les rôles. Au début, je jouais également
dans les pièces dont je faisais la mise ne scène mais
j'ai décidé de ne plus le faire, jamais. Je n'aime
pas cela parce que lorsqu'on est sur scène on ne peut s'empêcher
de regarder les autres comédiens jouer. Je ne me sentais
pas très à l'aise. Le pire est quand on est également
l'auteur. On écoute, on regarde et on ne joue plus. C'est
très difficile à faire notamment au théâtre.
Il y en a qui le font plutôt bien. Josiane Balasko par exemple
le fait très bien. Au cinéma, je pense qu'il est plus
aisé de se mettre en scène du fait de l'intervention
d'autres personnages et du droit à l'erreur avec le visionnage
des rushes.
Au théâtre, tous les soirs sont différents
et il y a toujours le tiroir dans la tête qui fait que par
moment on est déconnecté de la situation. Donc les
premières représentations sont très difficiles.
Et je suis trop angoissé. Ce que je fais par contre, quand
je fais des spectacles en alternance je met en scène des
personnes que je serais amené à remplacer ensuite.
Je l'ai fait pour un conseil très municipal, j'ai remplace
Christophe Rouzaud qui jouait l'année dernière dans
Anniversaire au self. A ce moment là c'est un des autres
comédiens qui peut être metteur en scène qui
passe dans la salle et voit si je m'intègre bien dans le
personnage et les indications que j'avais données à
son sujet.
Quels sont vos projets après cette pièce?
Xavier Letourneur : Je pars donc en tournée
d'une soixantaine de villes avec Martin Lamotte pour la pièce
"Daddy blues". Ensuite j'ai plusieurs projets en filigrane
mais rien n'est encore finalisé. Il y a notamment un projet
avec une pièce dont l'auteur a pensé aux comédiens
de Les acteurs sont fatigués. Ce qui est une très
bonne idée. J'ai par ailleurs une pièce déjà
écrite que je dois remanier et comme je n'arrive pas à
écrire l'été... J'essaie d'avoir toujours plusieurs
projets sous le coude. Quant à l'image, cela reste très
aléatoire. Surtout que c'est compliqué à faire
quand on joue beaucoup au théâtre. Je ne peux pas faire
de longs tournages.
En revanche, je joue dans des courts métrages
ou au cinéma pour des tournages d'une journée et pas
très loin de Paris ce qui peut se combiner avec mon activité
au théâtre. Ainsi j'ai tourné avec Arthur Joffé,
dans le film d'Eric Assous, dans Qui a tué Paméla
Rose, dans Zodiaque avec Claude Michel Rom où je joue le
médecin légiste et on me voit quand il y a des morts.
Je fais des apparitions. Cela étant j'adorerais tourné
plus. Mais c'est très difficile sauf quand on est vedette
car les projets peuvent être décalés. Mais moi
si je dis on décale on va prendre quelqu'un d'autre ! (rires)
Et pour le Mélo d'Amélie ?
Xavier Letourneur : Du fait du départ de
"J'aime beaucoup ce que vous faites", on va reprendre
pour 2 mois "Un conseil très municipal" de Christian
Dob qui s'était joué pendant plus d'un an et demie
et en septembre on monte une pièce de Laurence Jyl "Panne
de télé" avec Muriel Lemaire, Thierry Liagre
et une petite jeune Marine Emery qui raconte comment à défaut
de télé des gens regardent la télé réalité
dans la vie en espionnant les voisins.
Que pensez-vous de la production théâtrale
aujourd'hui? Est-ce facile de monter un spectacle à Paris?
Xavier Letourneur : Je crois que ce n'est pas
si difficile que cela si le projet est soutenu par une vraie volonté
et de vraies qualités artistiques. Il est possible de demander
des subventions et également de trouver des petits lieux
pour être accueilli. Dans le subventionné, on peut
monter des choses très différentes qui se jouent pendant
de courtes périodes, un mois, un mois et demi car ils utilisent
la subvention pour payer les gens. Cela permet de monter des auteurs
qui ne seraient pas joués dans le théâtre public
qui a public averti. Dans le public, il faut monter des spectacles
plus fédérateurs pour ne pas perdre trop d'argent.
Toutefois, il est possible de monter des pièces
l'été dans des théâtres privés
parce que la saison est de plus en plus courte. Il y a quelques
années un spectacle démarrait en septembre et durait
jusqu'en juin. Maintenant, il y a presque 3 saisons : septembre,
janvier et mai-juin. Or mai-juin n'intéressent pas trop les
têtes d'affiche ce qui laisse de grandes opportunités
aux autres. Cela étant le métier au théâtre
est très difficile. On gagne rarement beaucoup d'argent.
Les producteurs perdent de l'argent. La publicité est très
coûteuse. Par exemple au théâtre on fait un peu
de publicité dans le métro parce que nous sommes au
fonds de soutien des théâtres privés. Cela étant
la publicité reste incontournable car il y a énormément
de spectacles sur Paris.
Il n'en est pas de même en province. Par
exemple, j'ai joué à Montpellier chez Christian Dob
et là il n'y a rien à faire. Il y a 4 théâtres.
Les insertions publicitaires sont gratuites dans le Sortir de Montpellier.
J'ai des jeunes qui sont venus de province et qui se retrouvent
devant des gouffres financiers. Cela étant je reste optimiste.
Et il y a 400 spectacles vivants à Paris. C'est une des villes
où se jouent le plus de spectacles. Le public est là
et si on lui propose de la création, il vient. Il ne faut
pas, comme à l'Opéra, se contenter de tourner en rond
en montant toujours les classiques. Car le public a cette curiosité
de voir. Et voir dans un spectacle vivant. Il ne rit pas au théâtre
comme il rit au cinéma. Je reste donc très optimiste
pour le spectacle vivant. Même aux Etats Unis où c'est
le règne de l'image, le théâtre reste vivant,
à l'américaine, mais vivant quand même.
Cela étant, il y aura des hauts et des bas,
des nettoyages car il y a des gens qui n'ont rien à faire
dans ce métier. Car il y a des gens qui achètent des
lieux pour faire jouer n'importe quoi du moment que cela rapporte
de l'argent. De toute façon, cela ne pourra pas durer longtemps
car on ne peut pas berner le public longtemps. On le berne une fois,
deux fois mais pas plus. Et après, il n'y retourne plus jamais.
On le voit au Mélo d'Amélie où
nous avons un public fidèle qui nous suit depuis le début
et que nous suivons aussi. Nous avons un mailing de 8 000 personnes.
Les gens suivent et quand ils suivent et qu'on leur propose un spectacle
qui n'est pas terrible, ils viennent nous voir et nous le disent.
Ainsi, nous avons arrêté un spectacle qui faisait des
entrées certes mais un public mécontent à la
sortie. En dix ans, c'est arrivé 2-3 fois mais nous sommes
vigilants. Il y en a eu un où je me suis trompé et
puis les autres sont des spectacles qui étaient à
la limite de l'humour. Le public du Mélo aime les comédies.
Donc c'est un peu l'inconvénient de la
fidélisation. Le public vient au Mélo d'Amélie
pour voir un certain type de spectacles.
Xavier Letourneur : On a fait très large
depuis "Le plaisir" de Sacha Guitry à "L'opposé
du contraire" jusqu'à des pièces de style café-théâtre
comme "Un conseil très municipal" ou "En attendant
le sous-préfet". A un horaire on avait un spectacle
"Le plaisir", une adaptation de Crébillon fils
très libidineux, très coquin et ensuite "on ne
choisi pas sa famille" une pièce de Jean Christophe
Barc qui est une vraie comédie. Et les gens assistaient aux
2 car nous faisons des forfaits et ils adoraient ça. Au début,
on me disait que ce n'était pas possible de mettre 2 choses
aussi différentes. Mais si parce que les gens zappent, comme
à la télé. Du moment que les 2 sont bons !
En ce moment, nous avons "J'aime beaucoup ce que vous faites"
qui est très chargé et qui est très différent
de "The wrong man" qui est très subtil, drôle,
grinçant, les gens ne hurlent pas de rire. Avec le conseil
municipal nous sommes dans le café-théâtre pur
et simple.
Malgré vos occupations, avez-vous le temps
d'aller au théâtre ?
Xavier Letourneur : Oui. J'ai adoré "L'hiver
sous la table" avec un très bon travail de Zabou et
d'excellents comédiens comme Isabelle Carré et mon
camarade Dominique Pinon et puis "Petit déjeuner compris"
au Théâtre Fontaine dans lequel jouent plein de copains
: Christine Riverho que j'ai rencontré chez Bouvard, Michel
Degand avec qui j'ai joué "Les faux jetons" Thierry
Heckendorn que j'ai rencontré au Café d'Edgar. C'est
une comédie épatante. Tout l'hiver j'ai peu joué
et donc je suis allé beaucoup au théâtre. J'ai
voté pour les Molière en ayant vu tous les spectacles.
Pour les spectacles d'été il y a mon camarade Bruno
Chappelle qui va jouer "Ça va déchirer grave"
au Palais des glaces que je ne pourrais pas voir. Sinon il y a beaucoup
de reprises.
Avez-vous une Mercédès? (*)
Xavier Letourneur : J'en ai eu une, une vieille,
il y a une dizaine d'années
(*) question fil rouge en rapport direct avec la
pièce...à vous de jouer !
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