Comédie de Eugène Labiche, mise en scène de Laurence Andreini, avec Michel Baumann, Eric Bergeonneau, Christian Caro, Benoit Marchand, Marie-Aude Weiss, Audrey Lamy, Cyril Dubreuil, Jean-Marc Lallement et Damien Henno.
Dans "La cagnotte" il ne semble être question que d'argent : la rente, la dot, l'héritage et la panse du nourrain gonflée de sous et de boutons de culotte engrangés au cours des ennuyeuses parties de bouillotte qui scandent les soirées de notables de sous préfecture chez le rentier Champbourcy.
C'est par ce trait caractéristique que Labiche épingle les petits bourgeois de sous-préfecture, les nouveaux riches du 19ème siècle, qui ont conservé les réflexes des commerçants enrichis dont ils sont issus.
Petits, mesquins, étroits d'esprit et cependant infatués d'eux-mêmes, le rentier, le pharmacien, le percepteur, le notaire et le fermier, bien loin de la conscience de classe de la grande bourgeoisie intellectuelle, financière ou industrielle, vivent dans leur bulle de certitude bien pensante que rien ne saurait ébranler, pas même la folle journée parisienne que le vaudevilliste va leur imposer.
Puisant dans plusieurs registres, du guignol à l'onirisme, Laurence Andreini dirige en bon artisan la méritante troupe de son Théâtre Amazone, les comédiens assis en rang d'oignons en fond de scène, venant faire leurs "trois petits tours et puis s'en vont" sur un pré-carré de caillebotis amovibles conçu par Philippe Marioge.
En l'espèce, tel qu'il résulte du parti pris dramaturgique de Gabrielle Piwnik qui privilégie la peinture de caractère au détriment de la dimension sociale et politique, le vibrionnant et comique périple parisien conçu par Labiche, ne prête pas au rire mais à l'ennuyeuse consternation devant la bêtise de personnages à la Deschiens, sans humanité et dépourvus d'émotions sensibles, confinés dans un égoïsme inébranlable et une bêtise abyssale qui ne suscitent ni l'empathie ni la pitié. |