Réalisé
par Alexandre Coffre. France. Comédie.
Durée : 1h28.
(Sortie 2 mars2011) Avec François Damiens, Pascale Arbillot, Laurent Laffite, Gilles Cohen et Didier Flamand.
Dans le genre de la comédie sans prétention avec un scénario déjà vu, "Une pure affaire" est une pure merveille.
Reprenant le vieux thème des "gens sans importance" dont le quotidien est bouleversé par un événement extraordinaire, "Une pure affaire" ne perd jamais de temps. Pas besoin d’une longue exposition pour comprendre que le petit personnage plutôt loser interprété par François Damiens va saisir l’opportunité improbable d’un gros paquet de drogue qui lui tombe du ciel pour changer le cours d’une vie ratée où tout était confortablement prévisible.
Alexandre Coffre, contrairement à la plupart de ces collègues français, a compris qu’une fois lancé un scénario cousu de fil blanc ne trouvait sa logique, pour le meilleur comme pour le pire, que dans la fuite, une fuite hors de la réalité, une fuite dans une douce dinguerie s’appuyant sur des acteurs qui s’impliquent avec un grand sérieux dans ce qui pourrait n’être qu’une aimable pochade. En évitant la "distanciation" dans le second degré, plaie nationale, il rejoint les comédies à l’américaine, et parmi elles, les meilleurs, celles dites à la Blake Edwards.
Bon, évidemment, il ne serait pas très raisonnable d’accabler Alexandre Coffre avec une référence aussi flatteuse. Disons qu’il fait ici ses gammes dans une catégorie où pas grand-monde ne s’aventure dans le cinéma français et il n’y commet presque aucune faute de goût.
On rit, on s’amuse et on n’a jamais honte de rire et de s’amuser, même quand sont franchies les limites de la vraisemblance et celles de la bienséance.
On saura gré à Coffre d’avoir mis en avant François Damiens, et encore plus Pascale Arbillot, d’avoir permis à Gilles Cohen de jouer un vrai méchant d’opérette et d’avoir utilisé habilement l’habituel jeu triste de Didier Flamand.
Outre son excellente direction d’acteurs, il faut également mettre à son crédit une capacité d’aller vers le cinéma avec des situations propices à la facilité du filmage télé.
Selon la formule piteusement routinière, Alexandre Coffre est un réalisateur à suivre. En ayant réussi parfaitement un film bon enfant, il signe ici un des meilleurs films français de la nouvelle décennie.
Il est à craindre que la modestie de son propos ne lui permette pas d’obtenir les louanges qu’une telle réussite devrait objectivement susciter. |