Wooden Wand (que l'on aura soin de ne pas confondre avec Woven Hand, le projet de David Eugene Edwards) est le nom derrière lequel se produit le musicien James Jackson Toth. Auteur d'un folk abrasif, souvent minimal, gorgé de blues, d'une simplicité désarmante et de tous les tracas d'une vie brute, il se pose une fois encore avec Death Seat, son nouvel album, en pur song-writer américain, avec tout ce que cette appellation peut emporter avec elle de légende.
L'imaginaire d'un Jim Harrison ou d'un Steinbeck pourrait bien n'être pas si loin. On se souviendra du Bruce Springsteen le plus dépouillé (celui, peut-être, de l'album The Ghost of Tom Joad de 1995), des fêlures d'un Mark Curry (façon It's only time, 1992). Largement construits autour de la guitare acoustique et du chant, les douze titres n'en proposent pas moins une grande variété d'atmosphères, Toth ayant su s'entourer de plus d'une vingtaine d'autres musiciens, et d'instruments aussi variés que les basses et batteries classiques du rock, les chœurs fréquents du folk, chaleureux et vibrants de mélancolie, mais aussi : de mandolines, de piano, de violoncelle, de percussions...
En résulte un album lumineux comme une chanson triste, chaleureux comme l'automne le plus solitaire. C'est que Toth a du vécu, comme tous les musiciens froissés de l'Amérique profonde. On notera d'ailleurs que cette version de l'album (publiée par Young God Records, le label de Michael Gira, l'homme derrière Swans) est un deuxième essai, presque un remake. Toth en avait en effet enregistré une première version à Murfreesboro (cent mille âmes perdues au cœur du Tennessee), lors de l'un de ces trous d'airs que l'existence nous réserve parfois. Mais Michael Gira l'aura amené à dépasser une approche directe, naïve, certainement plus pauvre, pour bâtir autour des fantômes de ses chansons toute un domaine à hanter, au délabrement approprié. La grandeur des losers, peut-être serait-ce celui-là, le vrai grand mythe américain. |