Réalisé
par Inès Compan. France. Documentaire.
Durée : 1h34.
(Sortie le 9 mars 2011).
Si l’on veut avoir une vision nette et sans bavure de ce qu’est la mondialisation ultra-libérale, un petit tour sur les hauts-plateaux du Nord-Ouest argentin, dans le territoire de la Puna, s’impose.
On y verra ce qui arrive aux indiens Kollas, descendants des Incas, aux prises à une multinationale canadienne qui va transformer leur environnement pour exploiter une mine d’argent à "ciel ouvert".
Bien entendu, intellectuellement, il faut être un naïf complet pour avoir besoin d’un film pour comprendre qu’un troupeau de lamas, pourtant portant sur leurs flancs une laine capable de bien nourrir une population habile et travailleuse, ne fait pas le poids face à une armada de caterpillars.
Mais Inès Compan montre avec une grande habileté tous les tenants et les aboutissants du pot de terre contre le pot de fer. Depuis des années, les indiens Kollas attendent un toit pour l’école de leurs enfants. Quinze ans exactement. C’est moins du temps qu’il faudra à la multinationale qui a la concession de la mine qui traverse le territoire des Kollas pour accomplir son œuvre : détruire le paysage, polluer les rivières, obliger les indiens à partir ou à travailler pour elle.
Inès Compan ne cache pas pour qui son cœur bat, mais elle pratique la preuve par l’exemple. On y verra la duplicité de l’état argentin tempérée par les représentants locaux ; on y découvrira les pratiques des multinationales dans une étonnante scène de propagande scolaire où les petits indiens se déguisent en ces futurs mineurs qu’ils seront fatalement amenés à être.
"A ciel ouvert" est un cri de colère assez désespérant puisqu’il montre ce que le marxisme exprimait jadis empiriquement : le pouvoir économique prévaut sur le le pouvoir politique. Même enfin unis, même conseillés par des représentants d’une ONG qui leur expliquent leurs droits, leurs possibilités nationales et internationales de les faire triompher, les Kollas voient leur pays désolé de toujours se transformer sous les pelleteuses prédatrices.
"Que faire ?" disait il y a bien longtemps Lénine. Serrer les poings, voir un beau film comme celui d’Inès Compan, et s’en servir pour très vite passer à autre chose de moins contemplatif... |