Comédie dramatique de Dominique Durvin et Hélène Prévost, mise en scène de Brigitte Damiens, avec Julie B-Bousquet, Charlotte Buosi, France Ducateau, Micaëla Etcheverry, Marie Grach, Alexandre Jean, Valérie Haltebourg, Bénédicte Jacquard, Stéphanie Labbé, Hélène Milano, Valérie Moinet, Fanny Sintès, et en alternance Charles Barbazin, Benjamin Flicotteaux ou Keyvan Ghorbanzadeh.
Dominique Durvin et Hélène Prévost se sont penchées sur la condition de la femme plébéienne au début du 20ème siècle avec un très beau texte , "Le lavoir", pour lequel Brigitte Damiens signe un beau et exemplaire travail de mise en scène pour un spectacle qui n'usurpe pas son qualificatif de choral au sens le plus juste du terme.
A la veille de la Première guerre mondiale, en Picardie, c'est le jour du lavoir pour les femmes. La corvée du linge, le sien et celui des riches qui rapporte quelques sous bienvenus, constitue également une bienvenue parenthèse en permettant aux femmes du village de se retrouver entre elles, loin des maris, de la marmaille et des patrons, dans ce lieu de la parole libre mais aussi des cancans et des confrontations.
La gardienne du lavoir, la Mère, gère les conflits de ce monde en miniature, ce microcosme de la sororité où la solidarité et la fraternité demeurent indéfectibles. Les aînées que la vie n'a pas épargné tempèrent les enthousiasmes des jeunesses qui croient dans les lendemains qui chantent, au bonheur, à la belle vie à la capitale.
Résignée ou croyant à la lutte et au progrès, résignée ou croquant la vie à belles dents sans se soucier du lendemain, chaque femme et chaque histoire est différente.
Brigitte Damiens indique dans sa note d'intention ne pas avoir voulu aborder ce texte comme "une chronique sociale ou un témoignage de la vie des femmes de 1914 mais dans sa résonance intemporelle, comme un cri de vie et de poésie, un cri posant la question de l’humanité à l’humanité".
Certes, il est difficile d'échapper totalement à la fresque socio-politique s'agissant d'une époque datant d'un siècle déjà mais la scénographie et la dramaturgie des corps, instillant du symbolisme au réalisme, permet de donner le souffle et l'ampleur nécessaires à la sublimation du propos à travers de beaux portraits de femmes qui constituaient le sous-prolétariat.
De surcroît, chaque comédienne, incarnant avec beaucoup de justesse son personnage, ne déborde jamais de la partition polyphonique originale qui ne sombre ni dans le manichéisme, ni dans l'angélisme ou le moralisme.
A voir impérativement pour savoir ou se rappeler d'où l'on vient. |