La philosophie, au sens propre du terme, m'a toujours ennuyé. C'est sûrement pour cela qu'Angus Young m'a toujours semblé plus intéressant que Kant ! En effet, ce premier avait plus tendance à affirmer les choses que de les penser. Angus disait dans
un vieux magazine que dès qu'il entendait de la bonne musique, il ne pouvait s'empêcher de hocher la tête. Depuis ce jour,
le hard rock ou le progressif me semblent être les fers de lance de la musique, celle où tu balances tes cheveux d'avant en arrière,
sur des solos épiques délirants avec un son de tronçonneuse tellement tranchant qu'il décapite le silence et la monotonie présente.
C'est pour cela que Wolf People m'a semblé sympathique au premier abord, et mon instinct de rock critique ne m'a trompé sur ce coup.
L'objet commence par une sonorité aussi lourde qu'une pelle dans la pierre tombale, et c'est parti ! Le pugatoire s'ouvre à nous instantanément.
Ces riffs en béton armé ne se relâcheront pas une seule seconde, même au cours des chansons plus acoustiques de l'album qui gardent en elles
un aspect démoniaque jouissif. On pense notamment à Black Sabbath, les maîtres en la matière, mais également au Jethro Tull du début avec une superbe arrivée de flûte sur "Tiny Circle". Robert Fripp n'est pas loin non plus, autant dans le son et la finesse d'interprétation que dans le côté médiéval de certains passages où l'on croit reconnaître du melotron.
Wolf People n'en oublie pas pour autant le côté blues, crucial, dans ce registre devenu difficile, tant il est peu évident
d'échapper à d'éternelles influences. Mais c'est avec brio qu'ils s'en sortent, en ajoutant un côté pop non négligeable.
Oui, mais pas seulement ! Car le psychédélisme rode et frappe à la porte, comme un renard venu dévorer un couple de volailles avec leurs oeufs
en guise d'apéritif. L'excellent "One By One From Dorney Reach" en est la parfaite preuve, où la guitare solo semble parler à la place d'affreux jojos bourrés de vice tout droit sortis des ténèbres. D'ailleurs, la pochette représente assez bien ce no man's land que pourrait être l'enfer.
Ce disque tient donc toutes ses promesses, et ce sans prétention, sans démonstration technique inutile, et représente à mes yeux ce qu'un rocker aurait toujours dû être :
un mec cool. |