Spectacle de théâtral musical conçu et mise en scène par Hélène Darche, avec Louise Bouvet, Laetitia Brecy, Stéphanie Lanoy, Christine Sammer et accompagnées par Nathalie Soussana au piano.
Si derrière chaque grand homme se cache une femme, chaque génie, aussi marquante qu'ai été son œuvre, est avant tout un être humain comme vous et moi, père de famille ou simple amoureux, quand il ne conjugue pas tout bonnement les deux, comme se fut le cas pour Jean Sébastien Bach.
Dans "La petite chronique d'Anna Magdalena Bach", Hélène Darche adapte sur scène le journal intime romancé de la seconde épouse du musicien. Ce texte est l’œuvre de la musicologue et spécialiste de Bach, Ester Meynell, complété de divers textes, documents et essais biographiques de passionnés du sujet.
Le mot est lancé : passion. Car c'est bien de passion dont il est question tout au long de cette pièce : passion de Jean-Sébastien pour la musique, passion d'Anna Magdalena pour son mari, passion de l'équipe artistique, des comédiennes, à l’auteure, en passant par la metteuse en scène, pour l'univers de Bach et son œuvre qui lui survécut. Passion communicative, grâce au talent et à l’ingéniosité développée par l’ensemble de la troupe et des techniciens.
Écrit comme une fugue à plusieurs voix, ce spectacle donne la parole à un seul interlocuteur pourtant, Anna Magdalena, qui nous présente tour à tour et par petite note se mélangeant pour composer une vaste symphonie, le visage d'une jeune fille amoureuse, d'une mère de famille comblée puis déchirée par la perte de ses enfants et enfin d'une veuve pleine de dignité.
Les cinq comédiennes, Louise Bouvet, Laetitia Brecy, Stéphanie Lanoy, Christine Sammer et Nathalie Soussana, qui assure également les morceaux au piano, incarnent chacune une facette du personnage d’Anna Magdalena avec beaucoup de naturel et de grâce.
La mise en scène très imaginative et très vivante de Hélène Darche, à la fois simple et élaborée, calquée sur l’esprit des compositions de Bach, donnent avec beaucoup de subtilité et de réalisme une vision de l’intimité du couple et de la vie de l’homme derrière la légende, travailleur acharné, mari aimant et père présent, qui composait de petites études plaisantes pour dédramatiser les difficultés rencontrées par ses élèves et jouait de l’orgue comme il respirait… si ce n’est mieux.
Les costumes de Sarah Dureuil, simples et harmonieux, donnent à l’ensemble une unité visuelle douce et féminine, comme le caractère aimant d’Anna Magdalena, qui vécut 30 ans auprès de son célèbre mari, jusqu’à la mort de celui-ci en 1750.
Les parties jouées au piano, ainsi que la bande son de Laurent Haquet, donnent un aspect ludique et animé à la pièce et rappelle avec bonheur des airs connus de tous, ou tombés dans l’oubli des oreilles néophytes.
On ressort charmé de ce spectacle qui conjugue avec bonheur, talent, passion et élégance.